Journal of Thoracic Oncology

Quelles sont les conséquences psychologiques de la découverte d’un nodule ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2016

Qualité de vie / Soins palliatifs, Dépistage

Plus d’un million et demi de nodules sont mis en évidence dans la population américaine chaque année. Ceci devrait encore devenir plus important avec le déploiement des campagnes de dépistages du cancer bronchique. L’impact de cette découverte sur les émotions des patients est mal connu. L’étude multicentrique américaine publiée par Freiman et al vise à décrire la perception de ces découvertes sur le plan émotionnel chez les patients.

Il s’agit d’une enquête réalisée chez près de 500 patients, dans un centre rural, un centre d’anciens vétérans et un centre urbain. Le taux de réponse à l’enquête était d’environ 50% (à noter une petite incitation financière puisque les patients répondeurs recevaient une carte cadeau de 10 ou 15 $...). L’âge médian des patients était de 66,7 ans, la majorité était constituée par des hommes (61%) et par des caucasiens (86%). La taille moyenne des nodules détectés était de 7 mm.

Au total un patient sur 4 rapporte que cette découverte génère un stress important (évaluée sur une échelle de 15 items, donnant des scores de 0 à 100 permettant de distinguer des formes légères, modérées et sévères de stress). De la même manière, les patients étaient invités à évaluer leur perception de leur propre risque de cancer. Le stress est corrélé de façon significative à l’estimation que le patient se fait de son risque de cancer, mais très peu au risque réel de cancer du patient. Deux facteurs ressortent également comme étant associé au stress, le premier étant le tabagisme et le second, la peur de ne pas avoir assez d’argent pour payer la facture de la prise en charge (ce dont sont protégés les patients dans notre système de santé).

De nombreux patients pensent qu’un suivi de 2 ou 3 ans n’est pas suffisant pour écarter correctement le risque de cancer. Pour la majorité des patients, le fait d’attendre les résultats du scanner de contrôle était associé à des émotions négatives.

Enfin, parmi les sujets les plus générateurs de stress, les patients citent le fait de ne pas connaître la nature du nodule, de ne pas savoir ce qu’il va se passer, et le risque que ce nodule soit un cancer. Certains patients vont jusqu’à rapporter un changement dans leur qualité de vie ou dans leurs projets, suite à la découverte du nodule.

Cette étude est très intéressante, au delà des biais que l’on peut y noter, dans le contexte actuel de toutes les questions qui se posent quant au dépistage individuel (ou non), du cancer bronchique. Chaque clinicien avait bien sur noté dans sa pratique que la découverte d’un nodule est gérée de façon très variable d’un patient à l’autre, mais cette étude souligne bien le fait que l’information donnée au patient sur son risque réel de cancer bronchique, est un élément très important pour le vécu émotionnel au fil des scanners successifs.

Reference

Patients' Knowledge, Beliefs, and Distress Associated with Detection and Evaluation of Incidental Pulmonary Nodules for Cancer: Results from a Multicenter Survey.

Freiman MR, Clark JA, Slatore CG, Gould MK, Woloshin S, Schwartz LM, Wiener RS.

J Thorac Oncol 2016; 11 : 700-8

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer