Journal of Thoracic Oncology

Entreprendre et suivre le traitement par osimertinib sur les résultats des biopsies liquides ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2018

EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Pour utiliser l’osimertinib, il faut apporter la preuve de l’existence d’une mutation T790M mais la pratique de nouvelles biopsies n’est pas toujours facile parce que les sites de récidive ne sont pas toujours facilement accessibles, parce que les biopsies n’apportent pas toujours suffisamment de matériel ou parce que l’état général des malades au moment de la rechute n’est pas toujours compatible avec des gestes invasifs. C’est pourquoi les biopsies liquides effectuées sur l’ADN plasmatique représentent une très bonne alternative pour ces patients.

Dans cette étude, les biopsies liquides sont utilisées pour détecter les mutations T790M et confirmer que les données de survie sont voisines de celles de l’étude AURA3  (cliquer ici). De plus l’analyse quantitative des mutations T790M est réalisée pour savoir si celle-ci peut servir à guider le traitement. 

Méthodes

Cette étude a été réalisée dans 9 centres autrichiens chez 119 patients dont la biopsie initiale confirmait l’existence d’une mutation activatrice de l'EGFR et qui avaient progressé après une ou deux lignes d’un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de première ou de deuxième génération. 

Une nouvelle biopsie tissulaire était systématiquement réalisée au moment de la progression lorsqu’elle était possible et tous les patients bénéficiaient d’une analyse plasmatique centralisée en ddPCR à la recherche de délétions de l’exon 19, et de mutation L858R et T790M. De plus 49 patients (41%) avaient également une rebiopsie lors de la progression. 

Résultats

  • Une mutation T790M a été détectée dans le plasma chez 85 (71%) patients.
  • Il n’y avait pas d’ADN circulant tumoral chez 4 patients. Une biopsie a été réalisée qui a montré une mutation T790M. 
  • 30 recherches ont été négatives. Cinq des 8 biopsies tissulaire qui ont été réalisées ont objectivé une mutation T790M. 

Ainsi une cohorte de 91 patients a été constituée dont 85 avaient une mutation T790M décelée dans l’analyse de l’ADN plasmatique et 6 par biopsie tissulaire. Parmi ces 85 malades dont la mutation T790M a été détectée sur l’ADN plasmatique, 39 avaient un nombre de copies bas (< 10 copies/mL) et 46 un nombre élevé (≥ 10 copies/mL).

La survie sans progression médiane était de 10,1 mois. Elle n’était liée ni à l’âge, ni au sexe, ni à l’inhibiteur de la tyrosine kinase reçu en premier traitement. Elle était en revanche liée au type de mutation initial, plus élevée chez les patients qui avaient une délétion 19 qu’une mutation L858R (11,9 vs 8,3 mois). 

Chez les patients qui avaient un nombre de copies élevé la survie sans progression tendait à être inférieure à celle des patients qui avaient un nombre de copies bas, mais cette différence n’atteignait pas la significativité (HR : 1,72, 95% CI: 0,92–3,2, p = 0,09) 

La durée médiane de survie n’était pas atteinte (64% de survie à un an) et était également non significativement liée au nombre de copies. 

Les taux de réponse n’étaient pas liés au nombre de copies. 

Enfin 41 patients ont eu des prélèvements itératifs sous traitement par osimertinib. Ces recherches sont restées positives chez 11 des 26 patients qui ont progressé.

Cette étude apporte encore, comme plusieurs autres avant, la confirmation de l’utilité des biopsies liquides pour la recherche de mutation T790M chez les patients qui progressent sous inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de première ou deuxième génération. Elle confirme aussi qu’un traitement par osimertinib peut être institué sur les seuls résultats des biopsies liquides comme l’avait déjà montré une autre étude commentée sur ce site  (cliquer ici).

En revanche, elle ne parait pas montrer beaucoup d’intérêt pour les prélèvements itératifs. 

 

Reference

Cell-Free Plasma DNA-Guided Treatment With Osimertinib in Patients With Advanced EGFR-Mutated NSCLC.

Buder A, Hochmair MJ, Schwab S, Bundalo T, Schenk P, Errhalt P, Mikes RE, Absenger G, Patocka K, Baumgartner B, Setinek U, Burghuber OC, Prosch H, Pirker R, Filipits M.

J Thorac Oncol2018; 13 : 821-830.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer