Evolution des coûts lés aux traitements du cancer en Europe de 1995 à 2014

Il y a peu de données sur l’évolution du coût du cancer en Europe et le but de cette étude suédoise est d’apporter des précisions sur le coût du cancer dans les pays de l’Union Européenne pour la période qui va de 1995 à 2014.

Pendant cette période l’incidence du cancer a augmenté de 30% et la mortalité de façon moins importante puisque de 11% comme le montre le tableau ci-dessous :

L’analyse des coûts basés sur le nombre d’années de vie corrigés par un facteur lié à l’invalidité (DALYs) montre que pendant cette période le cancer est la deuxième cause de dépense de santé en Europe après les maladies cardio-vasculaires. Ces dépenses liées au cancer ont pendant cette période augmenté de 18 à 20%, mais ont diminué si on se réfère aux dépenses par habitant.

En Europe, les dépenses de santé liées au cancer ont plus que doublé passant de 35,7 milliards € en 1995 à 83,2 en 2014. Ceci représente une augmentation de 133%, mais seulement de 65% si l’inflation est prise en compte. Par personne et en tenant compte de l’inflation, ces dépenses ont augmenté de 56% pendant cette période.

Plusieurs facteurs peuvent être proposées pour expliquer cette augmentation :

• l’augmentation de 30% de l’incidence,  
• l’augmentation du dépistage de masse,
• l’augmentation liés aux progrès en imagerie,
• l’augmentation liée à l’innovation thérapeutique qui augmente les coûts des traitements.

Les dépenses de santé liées aux médicaments anticancéreux ont augmenté de façon notable pendant cette période comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous :

Il existe de très importantes disparités entre les pays européens. Par exemple, les dépenses par habitant étaient en 2014 de 60€ en Autriche, 50€ en France, 37€ en Angleterre … Et seulement 4€ en Grèce.

Ces dépenses de santé liées au coût des médicaments anticancéreux ont donc  incontestablement augmenté mais un certain nombre de données mises en avant par les  auteurs doivent nous faire réfléchir :

1)l’incidence des cancers en Europe a augmenté de 30%, période pendant laquelle la mortalité n’a augmenté que de 11%.

2)La réduction du taux de mortalité des cancers est responsable d’une baisse de la diminution de productivité attendue chez les malades en âge de travailler. De même la prise en charge de beaucoup de patients en ambulatoire et la réduction de la toxicité des traitements peut aussi entrainer une diminution des coûts.

3)Enfin, la part du coût du cancer parmi les coûts généraux de santé est stable autour de 5%, ce qui est probablement lié aux diminutions des hospitalisations. 

Signalons enfin, pour être tout à fait complet, que les auteurs de cet article travaillent au Swedish Institute for Health Economics et que cet organisme  a reçu des subventions de 5 compagnies pharmaceutiques pour écrire ce rapport. Il n’en reste pas moins que les chiffres sur lesquels ils s’appuient sont probablement aisément vérifiables.