Lung Cancer

Exclure les patients qui ont des antécédents néoplasiques des essais cliniques : une habitude de plus en plus contestable.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2016

Méthodologie / Essais thérapeutiques, Traitement des stades III

Les antécédents néoplasiques représentent l’un des facteurs d’exclusion habituels des essais cliniques consacrés aux cancers broncho-pulmonaires car il est souvent admis que ces antécédents représentent un mauvais facteur pronostique. Mais est-ce bien légitime ? C’est la question que pose cette étude consacrée exclusivement aux patients de plus de 65 ans atteints de cancers broncho-pulmonaires localement avancés c’est à dire de stade III.  

A partir de la SEER database ont été identifiés, entre 1992 et 2009, 51542 patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules pour la plupart et dont 13,4% avaient un cancer bronchique à petites cellules. Parmi ces malades, 15,8% avaient des antécédents néoplasiques. Ces derniers étaient d’autant plus fréquents lorsque les malades étaient âgés, de sexe masculin et présentaient un adénocarcinome.

Les trois principaux types de cancers figurant dans les antécédents étaient le cancer de la prostate (25%), les cancers digestifs (17%) et les cancers du sein (16%). Le plus souvent il s’agissait de cancers localisés (60%) ou régionaux (16%). Il  y avait peu de cancers métastatiques (6%) ou in situ (8%) et on comptait 10% de cancers dont le stade n’était pas défini.

Les délais entre ces cancers et le cancer actuel étaient extrêmement variables allant de moins d’un an (18%) à plus de 10 ans (21%). La durée médiane de ce délai était de 4,5 ans.

Sans ajustement, la survie globale était la même que les patients aient ou non des antécédents néoplasiques.  En revanche, la survie spécifique (reflétant la mortalité par cancer broncho-pulmonaire) était significativement supérieure chez les patients qui avaient des antécédents néoplasiques (p<0,0001).

Après ajustement par la méthode des scores de propension, les patients qui avaient des antécédents cancéreux avaient des survies globale (HR = 0,96; 95% CI 0,94–0,99, p=0005) et spécifique (HR = 0,84; 95% CI 0,81–0,86, p < 0.001)  un peu meilleures que ceux qui n’avaient pas ces antécédents. 

Cette étude rétrospective, qui porte sur un nombre très important de patients,  plaide donc pour la non exclusion des patients atteints de cancers broncho-pulmonaires de stade III qui ont antécédents néoplasiques des essais cliniques. Remarquons aussi que ces constatations sont valables même en dehors des essais cliniques : contrairement aux habitudes encore très répandues, les patients qui ont des antécédents cancéreux doivent pouvoir accéder aux meilleurs traitements indépendamment de leurs antécédents. 

Reference

Prior cancer does not adversely affect survival in locally advanced lung cancer: A national SEER-medicare analysis.

Laccetti AL, Pruitt SL, Xuan L, Halm EA, Gerber DE.

Lung Cancer 2016; 98 : 106-13

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer