Journal of Thoracic Oncology

Faut-il modifier le N dans la 8éme classification ? Une importante étude coréenne.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2019

Classification TNM, Chirurgie

La huitième classification TNM qui est en cours actuellement comporte un certain nombre  de changement par rapport à la septième concernant le T et le M mais n’est pas modifiée pour le N (cliquer ici) dont la classification n’a pas changée depuis l’introduction du N3 en 1987. Pourtant on sait, à la suite de nombreux travaux japonais,  que le nombre de ganglions envahis et l’absence ou la présence de skip métastases constitue un facteur pronostique important. Ces travaux ont conduit à proposer la classification suivante qui n’a pas été pour l’instant validée :

N1a

Envahissement d’un seul ganglion N1

N1b

Envahissement de plusieurs ganglions N1

N2a1

Envahissement d’un seul ganglion N2 sans envahissement N1 (skip metastasis)

N2a2

Envahissement d’un seul ganglion N2 avec envahissement N1

N2b

Envahissement de plusieurs ganglions N2

Le but de cette étude rétrospective coréenne qui a été menée sur 1228 malades opérés au Samsung Medical Center de Séoul de janvier 2004 à décembre 2014 est de savoir quelle est la pertinence de cette nouvelle classification. 

Pour être inclus dans cette étude, les patients devaient avoir été opérés d’un cancer bronchique non à petites cellules  pN1 ou pN2. Ils ne devaient pas avoir l’un des facteurs d’exclusion suivant :  traitement préopératoire,  métastases, antécédents cancéreux, cancers synchrones, décès dans les suites opératoires, résection incomplète. Ils devaient avoir au moins 10 ganglions réséqués. 

Au total, 732 patients étaient pN1 et 496 pN2. Leur âge moyen était de 62 ans. La grande majorité (76,1 %) ont été opérés par lobectomie, 10,2% par bilobectomie, 12,5 % par pneumonectomie et 1,1% par résection limitée. Après l’intervention 972 patients (80,8 %) ont reçu un traitement adjuvant. Le nombre médian de ganglions disséqués était de 24. Le temps médian de suivi était de 46,5 mois. 

Les taux de survie et de survie sans récidive (RFS) figurent au tableau ci-dessous : 

 

Survie à 5 ans (%)

RFS à 5 ans (%)

N1a

62,6

51,1

N1b

57

40,4

N2a1

64,7

43,9

N2a2

48,4

23,1

N2b

42,8

13,8

En analyse multivariée, beaucoup de comparaisons n’atteignaient pas la significativité comme par exemple la comparaison de la survie des malades qui n’avaient qu’un ganglion N2 envahi (N2a1) à celle des malades qui avaient un ou plusieurs ganglions N1 (N1a ou N1b). 

De ce fait des analyses exploratoires ont été effectuées comparant :

  • Les N1 et les N2 a1 versus les N2a2 versus les N2b. Ces 3 groupes avaient des différences de survie et de RFS significatives. 
  • Les N1a versus les N1b et les N2a versus les N2b. Ces 3 groupes avaient également des différences de survie et de RFS significatives. 

Ces données confirment bien l’hétérogénéité des pN2 et l’importance de la présence ou de l’absence d’extension N1 qui avaient été déjà montrées par une étude française dès avril 2014  (cliquer ici). Ils sont assez proches des résultats rapportés en janvier 2016 dans l’article cité plus haut (cliquer ici). Dans ces deux dernières études en effet les différences entre pN1a et pN1b sont significatives de même que les différences entre pN2a et pN2b. En revanche, les pN2a1 (envahissement d’un seul ganglion N2 sans envahissement N1) ne se distinguent pas des pN1b et ont même tendance à avoir une meilleure survie que les malades qui ont plusieurs ganglions N1 envahis. 

La conclusion de janvier 2016 était qu’il fallait rester sur la septième classification pour le N en attendant d’avoir plus de données prospective, cette étude coréenne n’apporte pas de données nouvelles qui permettent de modifier cette conclusion. 

  

 

Reference

Recommended change in the N descriptor proposed by the International Association for the Study of Lung Cancer: a validation study.

Park BJ, Kim TH, Shin S, Kim HK, Choi YS, Kim J, Zo JI, Shim YM, Cho JH.

J Thorac Oncol 2019 ; 14 : 1962-1969 

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Revue : British Journal of Cancer