Journal of Thoracic Oncology

IM Power 150 : résultats chez les mutés EGFR et chez les patients atteints de métastases hépatiques et cérébrales

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2022

Immunothérapie, Traitement des stades IV, EGFR

En juin 2018, nous commentions sur ce site les premiers résultats de l’étude IMpower 150,  une étude multicentrique internationale randomisée de phase III menée en première ligne dans les cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes métastatiques (cliquer ici). Cette étude comparait par randomisation sur un mode 1/1/1 trois traitements :

-       Soit de l’atezolizumab à 1200 mg, du carboplatine (AUC 6) et du paclitaxel à 200 mg/m2 (groupe ACP),

-       Soit ce même traitement et du bevacizumab à 15 mg/kg (groupe ABCP),

-       Soit un traitement par bevacizumab, carboplatine et paclitaxel (groupe  BCP).

Les patients pouvaient avoir n’importe quel statut PD-L1, et une mutation EGFR ou une altération de ALK à condition qu’ils aient progressé après une première ligne d’un inhibiteur de la tyrosine kinase. Il y avait deux objectifs principaux la survie sans progression et la survie globale. 

Cette première publication concernait uniquement la comparaison de l’association d’une immunothérapie à l’un des standards de l’époque, le BCP (ABCP vs BCP). La survie sans progression était significativement augmentée dans le bras expérimental passant de 6,8 à 8,3 mois (0,62 (95%CI : 0,52-0,74), p <0,001). De même la survie globale était significativement augmentée avec un suivi médian de 20 mois (19,2 vs 14,7 mois, HR : 0,78 (95%CI : 0,64-0,86), p=0,02). 

Fait nouveau et non décrit jusque-là la survie sans progression médiane était également augmentée chez les patients qui avaient une mutation EGFR ou une altération de ALK passant de 6,1 à 9,7 mois (0,51 (95%CI : 0,37-0,94)). 

En mai 2019 Bertrand Mennecier commentait les résultats plus tardifs de cette étude concernant les patients qui avaient une mutation de l’EGFR ou des métastases hépatiques, deux groupes de malades considérés de mauvais pronostic (cliquer ici) : une augmentation de la survie globale du bras ABCP comparativement au bras BCP était observée aussi bien chez les patients ayant une mutation activatrice de l’EGFR que chez ceux qui avaient des métastases hépatiques.

Ce sont de nouvelles analyses exploratoires de ces populations particulières (en y ajoutant les malades ayant des métastase cérébrales) qui sont présentées ici avec une durée médiane de suivi de 39,3 mois. Ces analyses concernent les 1202 patients enrôlés dans l’essai :

  • 123 patients qui ont une mutation de l’EGFR dont 26 du bras ABCP, 33 du bras ACP, et 44 du bras BCP avaient une mutation activatrice de l'EGFR. Parmi ceux -ci seulement 22, 28 et 28 avaient reçu au préalable un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR comme le prévoyait l’étude. 
  • 161 patients avaient des métastases hépatiques,
  • Et 100  patients ont développé de nouvelles  métastases cérébrales 

Les caractéristiques des patients étaient bien réparties dans chacun de ces groupes pour chaque type de traitement.

Les principaux résultats concernant la comparaison des traitements ABCP et BCP sont indiqués ci-dessous : 

On voit sur ce tableau que les survies des patients présentant des mutations activatrices de l’EGFR qui ont reçu de l’ABCP sont numériquement supérieures à celles de ces mêmes patients lorsqu’ils ont reçu BCP. En revanche la comparaison des bras ACP et BCP ne montraient pas de différence. Si on restreint l’analyse aux seuls patients qui ont reçu préalablement un inhibiteur de la tyrosine kinase les conclusions sont les mêmes.

En ce qui concerne les patients qui avaient des métastases hépatiques, les survies des patients qui ont reçu de l’ABCP sont également numériquement supérieures à celles de ces mêmes patients lorsqu’ils ont reçu l’association BCP.

Enfin le temps jusqu’à apparition de nouvelles métastases cérébrales était également plus long chez les malades qui avaient reçu de l ‘ABCP vs BCP (HR =0,68 (0,39-1,19).  

Les résultats de cette analyse sont intéressants mais ils doivent être interprétés avec prudence car il s’agit d’une analyse exploratoire et aussi parce que ces données ne concernent que des petits groupes de patients. C’est peut-être pour cela qu’aucun résultat n’atteint la significativité. 

Reference

IMpower150 Final Exploratory Analyses for Atezolizumab Plus Bevacizumab and Chemotherapy in Key NSCLC Patient Subgroups With EGFR Mutations or Metastases in the Liver or Brain.

Nogami N, Barlesi F, Socinski MA, Reck M, Thomas CA, Cappuzzo F, Mok TSK, Finley G, Aerts JG, Orlandi F, Moro-Sibilot D, Jotte RM, Stroyakovskiy D, Villaruz LC, Rodríguez-Abreu D, Wan-Teck Lim D, Merritt D, Coleman S, Lee A, Shankar G, Yu W, Bara I, Nishio M.

J Thorac Oncol 2022; 17 : 309-323

116 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer