New England Journal of Medicine

IMpower 110, une étude randomisée de phase III comparant l’atezolizumab à la chimiothérapie pour la première ligne des patients atteints de CBNPC

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2020

Immunothérapie, Traitement des stades IV

La démonstration de la supériorité de l’immunothérapie en monothérapie sur la chimiothérapie en première ligne n’a été jusqu’ici faite qu’avec le pembrolizumab il y a 4 ans par l’étude KEYNOTE-024 chez des patients qui exprimaient PD-L1  à plus de 50%  (cliquer ici). Plus tard, l’étude KEYNOTE-042 a démontré que l’immunothérapie permettait d’obtenir des chiffres de survie significativement supérieurs à ceux de la chimiothérapie, que le statut PD-L1 soit supérieur à 50, 20, ou 1% (cliquer ici). Chez l’ensemble des malades exprimant PD-L1 à ≥1%, la durée médiane de survie était à 16,7 mois sous pembrolizumab et à 12,1 mois sous chimiothérapie avec un HR à 0,81 (0,71–0,93). Toutefois chez les patients qui exprimaient PD-L1 à plus de 1% et à moins de 50%, il n’y avait pas de différence significative de survie entre les malades traités par immunothérapie et ceux qui étaient traités par chimiothérapie de sorte que la supériorité du pembrolizumab sur la chimiothérapie n’était réellement démontrée que pour les patients qui exprimaient PD-L1  à plus de 50%. 

Qu’en est-il de l’atezolizumab lorsqu’il est comparé à la chimiothérapie en première ligne ? 

IMpower10 est une étude randomisée de phase III qui vise à répondre à cette question chez des patients 

  • atteints de cancer bronchique non à petites cellules métastatique (non épidermoïde ou épidermoïde), 
  • dont l’expression de PD-L1, déterminée par le test VENTANA PD-L1 (SP142), est positive (≥1% sur la tumeur ou sur les cellules immunes infiltrant la tumeur), 
  • qui n’ont ni mutation EGFR ni translocation ALK-EML4, 
  • et qui n’ont pas reçu antérieurement de chimiothérapie.  

Ces patients devaient avoir un PS à 0 ou 1  et ne devaient pas avoir de métastases cérébrales « actives » ou non traitées. 

Ils étaient randomisés pour recevoir soit 1200 mg d’atezolizumab, soit une chimiothérapie à base de platine. Celle-ci pouvait être cisplatine ou carboplatine et pemetrexed pour les non épidermoïdes et cisplatine ou carboplatine et gemcitabine pour les épidermoïdes. 

Résultats

En 3 ans, 572 patients dans 144 centres et 19 pays ont été randomisés. Dix huit d’entre eux avaient une mutation de l'EGFR ou une translocation ALK-EML4 : ils ont été inclus dans l’étude de toxicité mais exclus de celle d’efficacité qui comportait donc 554 patients. 

Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. Les expressions de PD-L1  étaient classées ainsi :

  • Haute expression avec ≥50% des cellules tumorales ou ≥10% des cellules immunes infiltrant la tumeur : c’était le cas de 38,6% et 35,4% des groupes atezolizumab et chimiothérapie. 
  • Haute expression et expression intermédiaire avec ≥5% des cellules tumorales ou des cellules immunes infiltrant la tumeur : c’était le cas de 59,9% et 58,5% des groupes atezolizumab et chimiothérapie.
  • Expression de PDL1 avec ≥1% des cellules tumorales ou des cellules immunes infiltrant la tumeur, c’était le cas de tous les malades. 

Les principaux résultats de survie sont résumés sur le tableau ci-dessous : 

 

Atezolizumab

Chimiothérapie

p

Haute expression de PDL1

Taux de survie à 6 mois (%)

76,3

70,1

 

Taux de survie à 12 mois (%)

64 ,9

50,6

 

Médiane de survie (mois)

20,2

13,1

 

HR de décès (95% CI)

0,59 (0,40-0,89)

0,01

Haute et intermédiaire expression de PDL1

 

Taux de survie à 6 mois (%)

79,3

76,1

 

Taux de survie à 12 mois (%)

60,7

56

 

Médiane de survie (mois)

18,2

14,9

 

HR de décès (95% CI)

0,72 (0,52-0,99)

0,04

Expression de PDL1

Taux de survie à 6 mois (%)

76,2

75,7

 

Taux de survie à 12 mois (%)

57,6

54,3

 

Médiane de survie (mois)

17,5

14,1

 

HR de décès (95% CI)

0,83 (0,65-1,07)

 

La survie sans progression était également plus élevée pour l’ensemble des malades (0,63 (0,45-0,88) et pour ceux qui avaient une expression de PD-L1  haute ou intermédiaire. 

Des effets adverses de tous grades et de grade 3/4 ont constatés respectivement chez 90,2% et 30,1% des patients recevant une immunothérapie et 94,7% et 52,5% de ceux qui ont reçu une chimiothérapie. 

Cette étude, qui évalue également d’autres techniques de détermination de PD-L1  ainsi que la charge mutationnelle que nous ne commenterons pas, démontre que l’immunothérapie par atezolozumab utilisée en monothérapie augmente de façon importante et significative la survie des patients qui ont une expression de PD-L1  ≥50%. Ce bénéfice de 7 mois est très proche de celui obtenu dans les mêmes conditions avec le pembrolizumab dans l’étude KEYNOTE 042 (cliquer ici). Pour l’instant la durée médiane de suivi n’est que de 15 mois et il sera intéressant de connaitre ultérieurement  les chiffres de survie 

Reference

Real-World Treatment of Stage III NSCLC: The Role of Trimodality Treatment in the Era of Immunotherapy.

Moore S, Leung B, Wu J, Ho C.

J Thorac Oncol2019; 14 : 1430-1439

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