Lung Cancer

La survie des patients atteints de CBPC dépendrait de leur niveau d’éducation.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2020

ROOT

Plusieurs études ont démontré un lien entre la survie des patients atteints de cancer broncho-pulmonaire et leur niveau socio-économique. Le but de cette étude suédoise est de s’intéresser plus particulièrement au niveau d’éducation des patients atteints de cancer bronchique à petites cellules à partir d’un registre national dans lequel sont inclus 97% des patients suédois atteints de cancer bronchique à petites cellules. Ainsi pendant les 10 années allant de début 2002 à fin 2011, 4256 de 4651 malades ont été inclus. Les malades non inclus l’ont été du fait de données incomplètes ou pour des raisons géographiques. 

Leur âge médian était de 69 ans, la moitié étaient des femmes, les 3/4 présentaient un cancer bronchique à petites cellules disséminé. Leur PS était à 0-1 dans 44% des cas, à 2 dans 28% et à 3-4 dans 23%. 

Le niveau d’éducation était défini par le nombre d’années de scolarité. Ainsi sur les 4256 patients :

  • Plus de 50% avaient un niveau bas défini par une scolarité dont la durée était inférieure ou égale 9 ans,
  • 39% avaient un niveau moyen défini par une scolarité de 10 à 12 ans, 
  • Et 11% avaient un niveau élevé défini par une scolarité d’une durée supérieure ou égale à 13 ans. 

Les proportions de patients d’âge ≥70 ans, de fumeurs actifs et de patients vivant seuls étaient inférieures chez les patients à haut niveau d’éducation à ces mêmes proportions chez les personnes à faible niveau d’éducation. 

Le niveau d’éducation n’interférait pas avec le temps d’accès aux soins ou le traitement qui était prévu, à l’exception de la proportion de radiochimiothérapie qui était un peu plus élevée chez les malades dont le niveau d’éducation était le plus élevé. 

En analyse univariée (HR = 0,84 (0,75-0,93)) comme en analyse multivariée (HR =  0,88 (0,80-0,98)), un niveau d’éducation élevé était significativement associé à un meilleur pronostic. Cette différence était retrouvée exclusivement chez les hommes et chez les patients qui avaient un cancer bronchique à petites cellules localisé. En analyse multivariée les principaux autres facteurs significativement pronostiques étaient le sexe, l’âge et le PS aussi bien chez les malades atteints d’un cancer bronchique à petites cellules localisé que chez ceux atteints d’un cancer bronchique à petites cellules disséminé. 

Cette étude qui est purement descriptive ne fournit aucune explication concernant les facteurs qui pourraient expliquer ces résultats. Les auteurs indiquent cependant plusieurs pistes de réflexion sur des facteurs qui pourraient être l’objet d’études ultérieures, tels que par exemple les relations médecins-malades, l’adhésion au traitement ou le rôle des comorbidités.

Plusieurs points nous semblent également importants à souligner :

  1. Les populations classées selon leur niveau d’éducation ne sont pas les mêmes : nous avons vu que ces différences concernaient l’âge, le tabac et le mode de vie. Or au moins 2 de ces facteurs peuvent expliquer en partie ces résultats :  il y a beaucoup moins de patients âgés chez les patients à haut niveau d’éducation (38,5 vs 55,5%) et aussi moins de fumeurs actifs (54 vs 60%) … Mais il est vrai que le niveau d’éducation reste un facteur pronostique indépendant en analyse multivariée. 
  2. Il est possible aussi que le niveau d’éducation soit corrélé à l’ensemble des facteurs socio-économiques qui ne sont pas abordés ici. Par exemple, il est  possible que  le niveau de ressource ou le lieu et le type d’habitat soient liés au niveau d’études. Or en Suède également une étude que nous avions commentée il y a 5 ans montrait que  la mortalité par cancer broncho-pulmonaire augmentait avec le niveau de pauvreté du voisinage (cliquer ici) dont la définition reposait sur 4 critères : un bas niveau de revenus, le chômage, le recours à l’aide social et … Un niveau éducationnel bas. 

 

Reference

Educational level, management and outcomes in small-cell lung cancer (SCLC): A population-based cohort study.

Tendler S, Holmqvist M, Wagenius G, Lewensohn R, Lambe M, De Petris L.

Lung Cancer 2020; 139 : 111-117

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer