Lung Cancer

L’association d’Aspirine à l’Osimertinib en augmente-t-elle l’efficacité ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2020

Thérapeutique ciblée, EGFR

Depuis les résultats de l’étude de phase III FLAURA (cliquer ici) et (ici) l’osimertinib est devenue, dès la première ligne  le traitement de référence des cancers bronchiques non à petites cellules qui présentent une mutation activatrice de l'EGFR. Bien que l’osimertinib représente, comparativement à la chimiothérapie et aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de première génération,  un progrès très important, l’apparition d’une  résistance est inévitable et de nombreuses associations avec la chimiothérapie (cliquer ici) ou le bevacizumab (cliquer ici) sont en cours d’exploration. 

De nombreuses études cliniques, pour la plupart observationnelles, ont suggéré que l’aspirine pouvait diminuer la fréquence, le risque de métastases et le risque de décès de plusieurs cancers (cliquer ici) et (ici).  Dans les cancers bronchiques non à petites cellules mutés EGFR des arguments provenant d’études in vitro suggèrent que l’aspirine pourrait être utile pour surmonter certains mécanismes de résistance aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR en inhibant la promotion tumorale et en stimulant  l’apoptose. 

L’étude dont les résultats sont présentés ici à été conduite à partir d’une base de données du MD Anderson Cancer Center dans laquelle ont été identifiés 395 patients traités de 2014 à 2019 par osimertinib pour un cancer bronchique non à petites cellules muté EGFR. Ce traitement était un traitement de première ligne dans 42,5% des cas et de deuxième ligne ou plus dans 57,5% des cas. Dans cette base ont été collectés les caractéristiques des patients et les motifs du traitement par aspirine (prévention primaire, prévention secondaire, traitement antalgique ou raison non précisée). 

Parmi ces patients, 30 ont été exclus, le plus souvent du fait d’un manque de suivi. Sur les 365 traités par osimertinib :

  • 77 ont reçu de l’aspirine en même temps  que l’osimertinib pendant au moins 1 mois, 22 pour prévention primaire, 38 pour prévention secondaire, 10 comme traitement antalgique et 7 pour des raisons non précisées. 
  • Et 288 ont reçu uniquement de l’osimertinib. 

Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties à l’exception de deux différences :

  • L’incidence de métastases cérébrales avant le traitement par osimertinib qui était inférieur dans le groupe aspirine (27 vs. 43 %, p=0,01).
  • L’âge était plus élevé dans le groupe aspirine (69 vs. 62 ans, p<0,001). 

La survie et la survie sans progression étaient significativement augmentées dans le groupe aspirine comme le montre le tableau ci-dessous : 

 

Osimertinib + Aspirine

Osimertinib

P

PFS médiane (mois)

21,3

11,6

 

HR PFS (95%CI)

0,52 (033-0,70)

<0,001

Survie médiane (mois)

NA[1]

32,3

 

HR survie (95%CI)

0,56 (0,35-0,91)

0,049

 En analyse multivariée, la prise d’aspirine était de façon indépendante liée à la survie sans progression. Elle entrainait une augmentation significative de la survie sans progression quel que soit le sexe, le type de mutation,  la ligne de traitement, les statuts TPS3 et PD-L1, et qu’il y ait ou non des métastases cérébrales (sans que des saignements intracraniens ne soient observés). 

Cette étude apporte incontestablement des données intéressantes mais qui doivent être interprétées avec prudence car il s’agit d’une étude rétrospective de registre et parce que certains résultats concernent des petits effectifs de patients (par exemple seulement 21 des patients qui avaient des métastases cérébrales ont reçu de l’aspirine). 

 

[1] Avec une durée médiane de suivi de 46,9 mois

Reference

Concurrent use of aspirin with osimertinib is associated with improved survival in advanced EGFR-mutant non-small cell lung cancer.

Liu X, Hong L, Nilsson M, Hubert SM, Wu S, Rinsurongkawong W, Lewis J, Spelman A, Roth J, Swisher S, He Y, Jack Lee J, Fang B, Heymach JV, Zhang J, Le X.

Lung Cancer 2020; 149 : 33-40.

71 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer