Annals of Oncology

L’association nab(R)-paclitaxel et carboplatine comparée à l’association paclitaxel et carboplatine classique chez les sujets âgés.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2013

Cancers du sujet âgé

Les résultats de l’étude randomisée de phase  III comparant l’association de nab-paclitaxel[1] ou de paclitaxel à du carboplatine ont été rapportés sur ce site en mai 2012 (/erlotinib-et-bevacizumab-en-premiere-ligne-dans-une-population-non-selectionnee). Les 1052 patients de cette étude de phase III avaient été randomisés pour recevoir :

  • soit 100 mg/m2 de nab-paclitaxel toutes les semaines en association avec du carboplatine AUC 6 toutes les  3 semaines,
  • soit 200 mg/m2 de paclitaxel et  carboplatine AUC 6 toutes les 3 semaines.

Parmi les patients inclus, 156 avaient 70 ans ou plus : c’est sur cette population que porte cette étude. Leurs caractéristiques indiquées dans le tableau ci-dessous ne différaient pas significativement :

 

Nab-Paclitaxel et Carboplatine

Paclitaxel et Carboplatine

Nombre

74

82

Age médian

72

72

Sexe m/f (%)

74/26

71/29

Asiatiques (%)

20

22

PS 0/1

28/72

21/74

Adénocarcinomes (%)

45

52

Stade IIIB/IV (%)

16/84

18/82

Non fumeurs (%)

24

31

Les résultats sont présentés ci-dessous :

 

Nab-Paclitaxel et Carboplatine

Paclitaxel et Carboplatine

p

Réponse (%)

34

24

0,19

PFS (mois)

8

6,8

0,13

Survie globale (mois)

19,9

10,4

0,009

Neutropénies Grade 1/2/3/4

7/26/38/16

3/11/28/46

<0,05

Neutropénies fébriles

0

2

 

Neuropathies Grade 1/2/3/4

36/11/7/0

22/21/22/1

<0,05

Bien que la survie globale ne soit pas l’objectif principal, il est intéressant de constater que, en même temps que la toxicité était moins importante dans le bras expérimental, la survie était presque doublée dans ce bras, alors qu’elle ne différait pas significativement chez les malades plus jeunes. Une interaction significative entre l’âge et l’effet du traitement sur la survie globale était d’ailleurs observée  (p = 0,018).

Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une étude de sous groupe qui n’a pas le même impact qu’une étude dédiée au sujet âgé telle que l’étude IFCT 0501 coordonnée par Elisabeth Quoix (/prev-em-onco/2219). Il est vraisemblable que, comme on le voit bien pour l’indice d’activité (moins de 1% des patients avaient un PS 2 alors que c’était le cas de plus d’un quart des patients de l’étude IFCT), les patients âgés étaient probablement beaucoup plus sélectionnés que pour une étude portant sur les sujets âgés en général. 

 

[1] Le nab-paclitaxel (abraxane) contient des nanoparticules de paclitaxel liées à de l’albumine sérique humaine ce qui facilite le transport du paclitaxel dans les cellules.


 

La lecture de cet article peut amener à quelques commentaires supplémentaires.

Les patients de plus de 70 ans inclus dans cette étude n’avaient pas exactement les mêmes caractéristiques que ceux de moins de 70 ans : leur  tabagisme différait puisqu’il y avait plus d'ex-fumeurs. De même leur origine géographique n’était pas la même : il y avait plus de japonais, moins de russes et d'ukrainiens,  et plus de nord-américains.  

Il n'y a pas effectivement en revanche de différence significative entre les deux groupes de patients âgés en fonction du bras de randomisation.

Les auteurs ne discutent absolument pas l'impact possible de ces différences de statut tabagique et d’origine géographique qui peuvent l’une et l’autre expliquer des différences de survie qui existent entre les patients de 70 ans et plus et ceux de moins de 70 ans.

Quoiqu’il en soit, une étude de sous groupe n’a pas le même  niveau de preuve qu’une étude de phase III (http://www.biblio.ifct.fr/?q=node/2652). Celle-ci a cependant l'avantage par rapport à d'autres d'avoir comporté une randomisation stratifiée sur l'âge. Néanmoins, elle ne peut avoir la valeur d'une étude de phase III dédiée, ne serait-ce que par l'âge médian qui se situe comme dans les autres analyses en sous-groupe proche de 70 ans alors que dans l'étude de l'IFCT (http://www.biblio.ifct.fr/?q=node/2219), il se situe à 76 ans. La survie apparemment plus longue obtenue dans cette étude par rapport à l'étude de l'IFCT tient probablement à la superséelction de patients et à l'absence de PS2. Une étude de phase III dédiée aux sujets âgés  comparant paclitaxel hebdomadaire plus carboplatine toutes les 4 semaines (selon le protocole de l'IFCT) à l'association nab-paclitaxel carboplatine telle que décrite dans cette étude serait très utile.

 

 

 

Reference

Safety and efficacy of weekly nab(R)-paclitaxel in combination with carboplatin as first-line therapy in elderly patients with advanced non-small-cell lung cancer.

Socinski MA, Langer CJ, Okamoto I, Hon JK, Hirsh V, Dakhil SR, Page RD, Orsini J, Zhang H, Renschler MF.

Ann Oncol. 2013; 24 : 314-21. 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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