Lancet

Le ramucirumab en deuxième ligne : l’étude REVEL

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2014

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

Voici publiés dans le Lancet  les résultats de l ‘étude de phase III  REVEL que Maurice Pérol avait présentés au dernier ASCO.

Cette étude randomisée (1/1) internationale et multicentrique compare en deuxième ligne dans les cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes mais aussi épidermoïdes :

  • Un bras expérimental qui associe du ramucirumab, un anticorps monoclonal qui se fixe au domaine extracellulaire du VEGFR-2 avec une forte affinité, et du docetaxel, l’une des 2 chimiothérapies de référence en deuxième ligne, 
  • à un bras standard qui associe docetaxel et placebo.

Sur 1825 patients screenés, 1253 ont été randomisés. Les caractéristiques des patients étaient comparables.

Résultats

Les taux de survie globale et de survie sans progression  étaient significativement supérieurs dans le groupe expérimental comme le montre le tableau ci dessous :

 

Ramucirumab

Placebo

HR

p

Survie globale (mois)

10,5

9,1

0,86 (0,75–0,98)

0,023

Survie sans progression (mois)

4,5

3

0,76 (0,68–0,86);

<0,0001

Survie des non épidermoïdes (mois)

11,1

9,7

0,83 (0,71–0,97)

 

Survie des épidermoïdes (mois)

9,5

8,2

0.88 (0.69–1.13)

 

Survie des répondeurs à la première ligne

11,2

10,3

0.84 (0.71–0.99)

 

Les effectifs de l’essai n’étaient pas prévus pour des analyses de sous-groupes. Avec cette réserve, on voit que la survie était augmentée pour les non épidermoïdes comme pour les épidermoïdes mais cette différence n’atteignait pas pour ces derniers la significativité. 

La durée médiane de traitement a été de 15 semaines pour le bras expérimental et 12 semaines pour le bras standard.

La toxicité pour l’ensemble des patients restait modérée comme le montre le tableau ci-dessous :

 

Ramucirumab

Placebo

 

Tout grade

Grade ≥3

Tout grade

Grade ≥3

Epistaxis (%)

19

<1

6

1

Hémorragies digestives (%)

3

1

2

<1

Hémorragies pulmonaires (%)

8

1

7

1

Hémoptysies (%)

6

1

5

1

HTA (%)

11

6

5

2

Thromboemboliques (veines) (%)

3

2

6

3

Neutropénies (%)

55

49

45

39

Neutropénies fébriles (%)

16

16

10

10

Cette étude de phase III, qui porte sur plus de 1000 malades et dont la méthodologie n’est pas discutable, est la première qui démontre une augmentation significative de la survie par l’adjonction d’un anti-VEGF à une chimiothérapie de deuxième ligne. C’est une étape importante dont on ne doute pas qu’elle va probablement conduire prochainement à un enregistrement et donc à une modification des pratiques. A noter que le quart des malades de  cette étude présentaient un cancer épidermoïde,  ce qui est inhabituel dans une étude sur les antiangiogéniques du fait de la toxicité habituellement décrite de ces traitements comme on le rappelait récemment  (/la-recherche-de-mutations-egfr-devient-incontournable-au-cours-des-miliaires).  Ceci ouvre donc également des perspectives nouvelles et intéressantes.

Reference

Ramucirumab plus docetaxel versus placebo plus docetaxel for second-line treatment of stage IV non-small-cell lung cancer after disease progression on platinum-based therapy (REVEL): a multicentre, double-blind, randomised phase 3 trial.

Garon EB, Ciuleanu TE, Arrieta O, Prabhash K, Syrigos KN, Goksel T, Park K, Gorbunova V, Kowalyszyn RD, Pikiel J, Czyzewicz G, Orlov SV, Lewanski CR, Thomas M, Bidoli P, Dakhil S, Gans S, Kim JH, Grigorescu A, Karaseva N, Reck M, Cappuzzo F, Alexandris E, Sashegyi A, Yurasov S, Pérol M.

Garon EB  et al,  Lancet 2014; 384 : 665-73.

104 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer