Journal of Thoracic Oncology

Les altérations moléculaires multiples dans l’étude IFCT Biomarqueurs France. 

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2017

EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

L’étude IFCT Biomarqueurs France dont Fabrice Barlési a été l’investigateur principal (cliquer ici) permet, parce qu’elle a inclus plus de 17 000 patients, l’analyse de situations rares. C’est le cas des mutations multiples qui ont été identifiées dans cette étude conduite par Nicolas Guibert et Julien Mazières chez 165 (0,93%) patients dont 162 doubles mutations, et 3 triples. Toutes ces doubles mutations sont décrites dans un tableau détaillé.

On peut en retenir pour les 3 principales altérations moléculaires

  • Que 67 altérations doubles avec EGFR ont été objectivées, dont 28 avec PIK3CA, 24 avec KRAS, 10 avec ALK et 5 avec BRAF,
  • Que 108 altérations doubles avec KRAS ont été retrouvées, dont, outre les 24 avec EGFR, 53 avec PIK3CA, 22 avec ALK et 9 avec BRAF,
  • Que 37 altérations doubles avec ALK ont été retrouvées, dont, outre les 22 avec KRAS et les 10 avec EGFR, 2 avec PIK3CA, 2 avec BRAF et 1 avec HER2.

Ces mutations multiples étaient plus fréquentes chez les hommes, avec un âge médian de 67 ans, non fumeurs ou anciens fumeurs. Globalement ces caractéristiques étaient proches de celles des patients mutés, à l’exception des non fumeurs dont la proportion était plus élevée (34,7 vs 25,8%). Plus de 80% avaient un adénocarcinome.

Les survies des patients présentant des doubles mutations impliquant EGFR étaient inférieures à celles des patients présentant une simple mutation, mais de façon non significative comme le montre le tableau ci-dessous :

 

Double mutations

Mutations uniques

p

Survie de l’ensemble (mois) :

14,6

16,3

0,7

PFS de l’ensemble (mois)

7,2

9,8

0,19

Survie des EGFR mutés (mois) :

17,7

24,3

0,23

PFS des EGFR mutés (mois) :

7,5

14,9

<0,0001

Survie des translocations ALK (mois) :

17,7

20,3

0,57

Survie des EGFR mutés (mois) :

11,2

13,4

0,28

Sur ce même tableau on voit que la survie sans progression sous traitement de première ligne des patients présentant une double mutation comprenant EGFR était significativement inférieure à celle des patients qui avaient une mutation unique[1] et que les survies des patients ayant une double mutation impliquant ALK ou KRAS étaient proches de celles des patients qui n’avaient qu’une mutation.

Cette étude est la plus importante étude portant sur des mutations multiples. Il faut en retenir : 1) que ces mutations multiples sont présentes chez moins de 1% des malades et sont plus fréquentes chez les non fumeurs, 2) que lorsqu’une mutation PI3KCA ou KRAS est associée à une mutation EGFR, les malades ont survie globale non significativement raccourcie et une survie sans progression significativement plus courte que les malades qui ont une mutation unique. Le dogme de l’exclusion mutuelle de ces altérations n’est donc pas vrai dans tous les cas.

 

 

 

 

[1] Ces différences sont significatives pour EGFR associé à KRAS ou PIK3CA mais pas lorsqu’EGFR est assovié à ALK. 

Reference

Characteristics and Outcomes of Patients with Lung Cancer Harboring Multiple MolecularAlterations: Results from the IFCT Study Biomarkers France.

Guibert N, Barlesi F, Descourt R, Léna H, Besse B, Beau-Faller M, Mosser J, Pichon E, Merlio JP, Ouafik L, Guichard F, Mastroianni B, Moreau L, Wdowik A, Sabourin JC, Lemoine A, Missy P, Langlais A, Moro-Sibilot D, Mazières J.

J Thorac Oncol 2017; 12 : 963-973

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Revue : British Journal of Cancer