Journal of Clinical Oncology

L’excès de mortalité par cancer des patients HIV : l’extension et l’absence de traitement chez davantage de malades n’expliquent pas tout

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2015

Cancer et VIH

Le but de cet article est de faire le point sur la mortalité par cancer chez les patients contaminés par le virus HIV aux USA à l’ère des thérapies antirétrovirales.

Plus de 1 800 000 patients atteints de cancer provenant de 6 états américains ont été inclus dont 0,36% étaient infectés par le VIH.

La recherche s’est portée sur 14 types de cancer : Le cancer broncho-pulmonaire représentait le deuxième cancer (16,4%), après le lymphome B et avant le cancer anal.

Globalement, comparativement aux cancers de la population non HIV, les cancers étaient presque 2 fois plus souvent avancés et avaient significativement moins de chance de recevoir au moins une ligne de traitement. Dans plus de 9 cas sur 10 l’infection HIV était prévalente au cancer.

Les taux de mortalité ajustés à l’âge étaient plus élevés chez les patients infectés par le VIH, de même les taux de mortalité spécifiques par cancer, même après ajustement au stade. C’est le cas notamment du cancer broncho-pulmonaire (HR=1,28; 95%CI, 1,17-1,39).

Même chez les patients présentant un stade localisé et en ajustant au traitement et même chez ceux dont l’analyse a été limitée aux patients qui ont reçu un traitement de référence, le risque de décès restait supérieur à celui des patients non HIV. Pour le cancer bronchique non à petites cellules, ces données sont indiquées sur le tableau ci-dessous :

 

Ajustés au traitement

Analyse restreinte aux patients qui ont reçu un traitement de référence

 

Décès par cancer

HR

95% CI

Décès par cancer

HR

95% CI

HIV +

27

1,81

1,21-2,7

15

1,88

1,11-3,18

Non HIV

15 410

1

Ref

8 508

1

Ref

Cette enquête très complète confirme la notion bien connue que la mortalité spécifique par cancer est plus élevée chez les patients atteints par le VIH que pour ceux qui en sont indemnes. C’est le cas des cancers colorectaux, du pancréas, du larynx, du mélanome du sein et de la prostate. C’est aussi le cas du cancer broncho-pulmonaire. Elle confirme aussi que les cancers des patients atteints par le VIH sont plus souvent étendus ce qui déjà peut expliquer cet excès de mortalité. Elle suggère aussi que, puisque lorsqu’on restreint l’analyse aux patients qui présentent une tumeur localisée et qui sont traités cette différence persiste, ces facteurs n’expliquent pas tout et que l’immunodépression doit être, par elle même en partie, à l’origine de  cette augmentation de la mortalité.

Ces données sont importantes même si on aurait souhaité avoir des informations sur la profondeur de l’immunodépression de ces malades. Celle-ci en effet, si cette hypothèse est bien en cause, devrait en effet être corrélée à la survie. 

Reference

Elevated Cancer-Specific Mortality Among HIV-Infected Patients in the United States.

Coghill AE1, Shiels MS2, Suneja G2, Engels EA2.

J Clin Oncol. 2015 Jun 15. [Epub ahead of print]

57 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer