Journal of Clinical Oncology

Modafinil et fatigue au cours du cancer broncho-pulmonaire

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2014

Qualité de vie / Soins palliatifs

Il y a quelques jours, nous analysions sur ce site des recommandations de l’ASCO concernant la fatigue observée lors du traitement des cancers. Dans cette revue de la littérature, il était dit que les psychostimulants tels que  le méthylphénidate ou le modafinil avaient un  niveau de preuve faible (/apres-chimiotherapie-dinduction-peut-faire-une-intervention-mois-importante-que-prevu). Le modafinil, qui est l’objet de cette étude, est enregistré en France pour le traitement de la somnolence diurne excessive de l’adulte associée à une narcolepsie, mais n’a pas l’AMM dans cette indication.

Ce médicament est testé ici contre placebo dans une étude randomisée anglaise. Les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules étendu, avec un PS de 0, 1 ou 2. Ils devaient avoir un score ≥5 sur une échelle de fatigue allant de zéro à 10. Ils ne devaient pas avoir reçu de chimiothérapie ou de radiothérapie dans les quatre dernières semaines. Ils ne devaient pas non plus avoir reçu de traitement susceptible d’interférer avec la fatigue (transfusions corticoïdes etc). Cette étude avait l’objectif de montrer une modification significative sur 28 jours de la fatigue mesuré sur l’échelle FACIT-Fatigue.

Deux cent huit patients ont été recrutés en trois ans dans 24 centres et ont reçu soit du modafinil, soit un placebo. Les caractéristiques des patients des deux bras étaient comparables.

Les scores moyens de fatigue se sont améliorés dans les deux groupes, modafinil comme placebo, mais de façon non significative. Différents paramètres ont été examinés (PS, âge sexe, stades etc …) : dans aucun groupe de patients une différence n’a pu être observée.

Les effets adverses avaient la même fréquence dans les deux bras et ont été pour la plupart considérés comme n’étant pas en relation avec le traitement. Respectivement 16 et 14  effets adverses de grade 3 à 5 ont été observés dans les bras expérimental et placebo.

Cette étude montre qu’il n’y a pas de raison de prescrire ce traitement dans cette indication. Le fait qu’elle montre aussi qu’un placebo a une activité non négligeable est en soi intéressant. Il est probable que, comme le suggèrent les auteurs, ce soit le simple fait de s’intéresser à ce symptôme et d’en parler qui est bénéfique. 

Reference

Modafinil for the Treatment of Fatigue in Lung Cancer: Results of a Placebo-Controlled, Double-Blind, Randomized Trial.

Spathis A, Fife K, Blackhall F, Dutton S, Bahadori R, Wharton R, O'Brien M, Stone P, Benepal T, Bates N, Wee B.

J Clin Oncol. 2014 Apr 28. [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer