Annals of Oncology

OPTIMAL : résultats définitifs concernant la survie

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2015

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

L’étude OPTIMAL était l’une des grandes études comparant, dans une population de patients présentant une mutation de l’EGFR, un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR à la chimiothérapie (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21783417).  Comme toutes les autres  études elle montrait que la survie sans progression  était significativement augmentée sous inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR comparativement à la chimiothérapie. Cette augmentation, observée ici dans une population asiatique, était particulièrement importante (tableau ci dessous) :

Etude

N

Objectif

Survie sans progression (mois)

Ref

Gefitinib

CT

P

IPASS

261

PFS

9,5

6,3

<0.001

N Eng J 2009

WJTOG

3405

177

PFS

9,2

6,3

<0.0001

Lancet Oncol 2010

NEJ002

230

PFS

10,8

5,4

<0.001

N Eng J 2010

 

Erlotinib

CT

 

OPTIMAL

154

PFS

13,1

4,6

<0.0001

Lancet Oncol 2011

EURTAC

174

PFS

9,7

5,2

<0.0001

Lancet Oncol 2012

 

 

 

Afatinib

CT

 

 

LUX-LUNG 3

345

PFS

11,1

6,9

0,001

J Clin Oncol 2013

LUX-LUNG 6

308

PFS

11[1]

5,6

<0.0001

Lancet Oncol

2014

13,7[2]

5,6

Aucune de ces études en revanche n’avait objectivé d’augmentation significative de la survie globale.

Un peu plus tard, les données individuelles  des patients des 2 études LUX-LUNG 3 et 6 ont été combinées : la médiane de survie ne différait pas significativement entre les deux bras pour l’ensemble des patients mais lorsque l’analyse ne prenait en compte que les patients qui avaient une mutation commune, la survie des patients qui avaient reçu de l’afatinib était  significativement supérieure à celle des patients qui ont reçu une chimiothérapie. Dans une analyse de sous groupe, cette différence ne s’observait que chez les patients qui avaient une délétion de l’exon 19. Aucune différence de survie n’apparaissait chez les patients qui avaient une mutation de l’exon 21 L858 R (/les-cancers-broncho-pulmonaires-dus-lexposition-fumee-de-bois-au-mexique-ont-un-profil).

L’article analysé ici a pour objectif d’indiquer les données de survie avec un recul suffisant (c’est à dire comme prévu initialement, lorsque 70% des décès ont été observés).

Les résultats ont été les suivants :

-       154 patients sur 165 randomisés ont reçu au moins une dose de traitement et avaient une maladie mesurable : 82 ont reçu de l’erlotinib et 72 une chimiothérapie. L’analyse de la survie a été limitée à ces patients.

-       Il y avait une disparité entre le nombre de malades qui n’ont pas reçu de deuxième ligne : 36% dans le groupe erlotinib et 22% dans le groupe chimiothérapie.

-       Pour l’ensemble des patients la survie était la même : HR 1,19 (95% Cl 0,83–171, p = 0,26).

-       Si le pourcentage de traitements de deuxième ligne était le même chez les patients qui avaient une mutation L858R  il était très mal réparti chez ceux qui avaient une délétion 19 rendant impossible toute interprétation sur ce point.

-       Lorsque l’analyse prend en compte le fait d’avoir ou non reçu un traitement de deuxième ligne, la survie des patients qui ont reçu un traitement de deuxième ligne était significativement supérieure à celle des patients qui n’avaient reçu qu’une ligne.

-       Pour les patients qui ont reçu une chimiothérapie en première ligne, la survie de ceux qui ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR en deuxième ligne était de 32 mois, la survie de ceux qui ont reçu un autre traitement en deuxième ligne de 14 mois et la survie de ceux qui n’ont pas reçu de deuxième ligne de 11 mois (p<0,0001).

-       Enfin, pour ceux qui ont reçu l’erlotinib en première ligne, la survie globale des malades qui ont reçu un traitement  en deuxième ligne était significativement plus longue que celles des malades qui n’en ont pas reçu  (28 vs 18 mois, p = 0,0077).

Cette étude comporte quelques problèmes méthodologiques, notamment le fait de n’analyser que les patients traités et dont la tumeur est mesurable est criticable.   Elle montre bien en tout cas  que les patients mutés tirent bénéfice de l’erlotinib mais aussi de la chimiothérapie. La plupart des patients dont le statut mutationnel est connu et positif dès le diagnostic reçoivent en première ligne un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR. Il est essentiel aussi qu’ils puissent ensuite bénéficier d’un traitement de deuxième ligne, qui actuellement, en dehors d’un essai thérapeutique, est une bithérapie à base de platine. 

 

 


[1] Appréciée par un panel indépendant

[2] Appréciée par un l’investigateur

Reference

Final overall survival results from a randomised, phase III study of erlotinib versus chemotherapy as first-line treatment of EGFR mutation-positive advanced non-small-cell lung cancer (OPTIMAL, CTONG-0802).

Zhou C, Wu YL, Chen G, Feng J, Liu XQ, Wang C, Zhang S, Wang J, Zhou S, Ren S, Lu S, Zhang L, Hu C, Hu C, Luo Y, Chen L, Ye M, Huang J, Zhi X, Zhang Y, Xiu Q, Ma J, Zhang L, You C.

Ann Oncol 2015; 26 : 1877-83

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