Journal of Thoracic Oncology

Pembrolizumab en deuxième ligne ou plus : résultats à 5 ans de l’essai KEYNOTE-010.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2021

Immunothérapie, Traitement des stades IV

Nous avons commenté sur ce site en janvier 2016 les premiers résultats de l’étude KEYNOTE-010 qui comparait chez 1034 patients un anti PD-1,  le pembrolizumab, à deux niveaux de doses, au docetaxel chez des patients dont les tumeurs devaient exprimer PDL1 sur au moins 1% des cellules tumorales. Les premiers résultats de cette étude de phase II/III  montraient, avec un suivi médian de 13,1 mois, que le pembrolizumab (administré à 2 ou à 10 mg/kg)  prolongeait significativement la survie globale des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules, dont les cellules exprimaient PD-L1  à au moins 1% et antérieurement traités  (cliquer ici).

Ces résultats ont été confirmés dans une deuxième publication commentée en mars 2020 avec un suivi médian cette fois beaucoup plus long puisque de 42,6 mois (cliquer ici) : dans cette publication les taux de survie à 3 ans étaient respectivement chez les malades traités par pembrolizumab et docetaxel de 34,5% vs 12,7% chez les malades dont l’expression de PD-L1  était ≥50% et de 22,9 vs 11% chez ceux dont l’expression de PD-L1  était ≥1%. 

Cette publication nous apporte de nouveaux résultats avec une durée médiane de suivi qui est cette fois de 67 mois. Retenons que parmi les patients randomisés dans le bras docetaxel 8 (2,3%) ont eu un cross-over vers le pembrolizumab dans le cadre de l’étude et 68 (19,8%) vers un autre anti PD-1 ou PD-L1. Le tableau ci-dessous indique les nouveaux résultats à long terme : 

 

PD-L1 ≥50%

PD-L1 ≥1%

 

Pembro

Docetaxel

Pembro

Docetaxel

HR de décès (95% CI)

0,55 (0,44-0,69)

0,70 (0,61-0,80)

Survie médiane (mois) (95% CI)

16,9(12,3-21,4

8,2 (6,4-9,8)

11,8 (10,4-13,1)

8,4 (7,6-9,5)

Taux de survie à 5 ans (%)

25

8,2

15,6

6,5

Nous disposons donc maintenant des taux de survie à 5 ans qui montrent que 25 % et 15 % des malades qui expriment respectivement PD-L1  à 50 et 1% sont vivants à 5 ans. Par ailleurs, le HR pour les patients qui expriment PD-L1  entre 1 et 49% est à 0,79 (0,65-0,94). Le pembrolizumab prolonge donc la survie pour poutes les catégories de patients. 

La survie sans progression reste aussi augmentée chez les malades qui ont reçu le pembrolizumab, que l’expression de PD-L1  soit ≥50% (5,3 vs 4,2 mois, HR=0,57 (0,46-0,71) ou ≥1% (4 vs 4,1 mois, HR=0,84 (0,73-0,96).  Les taux de réponse sont respectivement chez ces patients de 33,1% vs 9,2%. C’est surtout la durée de réponse médiane qui est considérablement augmentée : 68,4 vs 8,5 mois pour les PD-L1≥50% et 68,4 vs 7,5 mois pour les PD-L1 ≥ 1%. 

A la date de point, qui se situe après un délai médian de 68,1 mois depuis la randomisation, 79 patients avaient reçu 2 ans (35 cycles) de pembrolizumab. Si on compare les caractéristiques de ces patients à celles de l’ensemble de la population, il y avait  : 

  • Davantage de malades jeunes et exprimant PD-L1  à ≥ 50% dans ce groupe de patients ayant reçu 2 ans de traitement.
  • Moins de patients ayant reçu ≥ 2  lignes de traitement ou qui avaient une mutation de l’EGFR (1,3 vs 8,8%).  
  • Le pourcentage de patients qui avaient à l’inclusion des métastases cérébrales était le même (15,2% vs 15,1%).
  • Les taux de réponse de ces patients était de 98,7% dont 19% de réponses complète. Enfin 66 de ces 79 patients  (83,5%) avaient un évènement secondaire rapporté au traitement dont 14 (17,7%) étaient de grades 3 et 4. Des évènements secondaires rapportés au traitement immuns étaient survenus chez 31 (39%) patients, dont 25% d’hypothyroïdies, et 9% d’hyperthyroïdies et de pneumopathies.  

A la date de point, 21 patients avaient repris le pembrolizumab après arrêt et 11 (53,2%)  d’entre eux ont répondu à ce traitement. 

Dans une analyse exploratoire menée chez 254 des 1034 patients randomisés, la charge mutationnelle a été évaluée : une charge mutationnelle élevée était significativement associée avec la survie globale, la survie sans progression et la réponse pour les patients qui recevaient du pembrolizumab.    

Ces nouveaux résultats confirment les premiers résultats de cette étude et démontrent qu’un quart des patients ayant une expression de PD-L1  ≥50% et  qui reçoivent du pembrolizumab  sont vivant à 5 ans.  

Reference

Five Year Survival Update From KEYNOTE-010: Pembrolizumab Versus Docetaxel for Previously Treated, Programmed Death-Ligand 1-Positive Advanced NSCLC.

Herbst RS, Garon EB, Kim DW, Cho BC, Gervais R, Perez-Gracia JL, Han JY, Majem M, Forster MD, Monnet I, Novello S, Gubens MA, Boyer M, Su WC, Samkari A, Jensen EH, Kobie J, Piperdi B, Baas P.

J Thorac Oncol 2021; 16 : 1718-1732

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