Journal of Clinical Oncology

Poziotinib pour le traitement des CBNPC avec mutation HER2

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2021

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Très récemment nous commentions sur ce site un article qui apportait les résultats de l’étude DESTINY-Lung01, une étude multicentrique  explorant le Trastuzumab deruxtecan pour le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules HER2 mutés (cliquer ici). Cette étude faisait état d’un taux de réponse confirmées de 55% appréciées par un comité indépendant et d’un taux de contrôle de la maladie de 92% conduisant le NCCN à proposer ce traitement et l’ado-trastuzumab emtansine (T-DM1) pour les malades atteints de cancers bronchiques non à petites cellules mutés HER2.  

Le Poziotinib est un inhibiteur de la tyrosine kinase à mode d’administration oral proche de l’afatinib et du dacomitinib a été récemment exploré chez les patients qui ont des mutations de l’EGFR et d’HER2. Ce sont les résultats d’une étude de phase II monocentrique menée au MD Anderson qui sont présentés ici. 

Pour être inclus dans cette étude les patients devait avoir un cancer bronchique non à petites cellules de stade IV ou récidivant associé à une mutation HER2 de l’Exon 20. Ils devaient avoir au moins une lésion mesurable, un PS à 0 ou 1. Ils pouvaient être inclus s’ils présentaient des métastases cérébrales à condition qu’elles soient asymptomatiques, traitées par chirurgie ou radiothérapie et que le patient ne reçoive ni anticonvulsivant, ni corticoïde depuis au moins 4 semaines.  Ils ne devaient pas avoir reçu de traitement par chimiothérapie ou autre traitement anticancéreux dans les 14 jours qui précédé la première dose de poziotinib. 

Les patients recevaient le poziotinib à la dose de 16 mg per os. L'objectif principal était la réponse appréciée par les investigateurs. Les objectifs secondaires étaient la survie sans progression, la durée de réponse, le taux de contrôle de la maladie, la survie et la toxicité. Pour mettre en évidence un taux de contrôle d’au moins 30%, il fallait 30 patients.

De mars 2017 à novembre 2019, 30/35 patients screenés ont été inclus. Leur âge médian était de 60 ans, il y avait 22 femmes, 25 était non-fumeurs et tous avaient un adénocarcinome. Le nombre médian de lignes de traitements précédents reçus était de 2 (0-6) (chimiothérapie à base de platine, immunothérapie ou thérapeutique ciblée visant HER2.  La durée médiane de suivi était de 14 mois.

Le taux de réponses appréciées par les investigateurs à 8 semaines était de 43 % et le taux de contrôle de la maladie était de 73 %. Parmi les 13 patients chez qui une réponse était observée, 8 réponses ont été ultérieurement confirmées. Des réponses ont été observées pour tous sous-types de mutation de l’exon 20. La durée médiane de réponse était de cinq mois et la survie sans progression médiane de 5,5 mois. Les taux de PFS à 6 et 12 mois étaient de 30 et 10%. Enfin la durée médiane de survie était de 15 mois. 

Avec une durée médiane d’exposition au poziotinib de 6 mois, des évènements secondaires rapportés au traitement de tous grades ont été rapportés chez 29 (97%) patients. La plupart d’entre eux étaient de grade 1 et 2 (rash cutanés, diarrhées, paronychies, mucite, sécheresse de la peau). Les principales toxicités de grade 3 étaient la sécheresse cutanée (n=14, 40%), la diarrhée (n=6) les paronychies (n=6), et les mucites (n=3). Il n’y a pas eu de toxicité de grade 4 et une toxicité de grade 5 :  il s’agissait d’une pneumopathie.

Les investigateurs de cette étude ouverte monocentrique ont donc constaté 8 réponses confirmées chez 30 malades qui pour la plupart (n=28) ont été traités par une (n=12), deux (n=4) ou plus (n=12) lignes de chimiothérapie. Ce taux de réponses confirmées est donc de 26%, Ces résultats ont été obtenus au prix d’une toxicité importante. Compte tenu de ces résultats mais aussi des effectifs réduits de cette étude monocentrique et de l’absence de confirmation de ces résultats par un comité indépendant, il nous semble qu’il serait prématuré de considérer que le poziotinib va devenir l’un des traitements de référence des cancers bronchiques non à petites cellules HER2 mutés. 

Reference

 


Poziotinib for Patients With HER2 Exon 20 Mutant Non-Small-Cell Lung Cancer: Results From a Phase II Trial.

Elamin YY, Robichaux JP, Carter BW, Altan M, Gibbons DL, Fossella FV, Lam VK, Patel AB, Negrao MV, Le X, Mott FE, Zhang J, Feng L, Blumenschein G Jr, Tsao AS, Heymach JV.

J Clin Oncol 2021 Sep 22. Online ahead of print.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer