Journal of Thoracic Oncology

Profil mutationnel des cancers détectés par le dépistage

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2017

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Dépistage

Le but du dépistage est de détecter les cancers évolutifs et l’hypothèse qui a conduit à la réalisation de cette étude italienne est que le profil mutationnel des cancers détectés peut aider à distinguer les cancers évolutifs des cancers non évolutifs (qui seraient alors l’objet d’un surdiagnostic).  

Dans cette étude ont été définis par NGS les caractéristiques moléculaires de 94 cancers dépistés et opérés dans 3 études sur le dépistage menées à Milan. Cette recherche a porté sur les 50 gènes le plus fréquemment altérés dans le cancer.

L’âge médian de ces malades était de 64 ans. Il s’agissait d’homme dans 70 % des cas et les 3/4 avaient un adénocarcinome. 63 % d’entre présentaient un cancer de stade I.

Au total, 74 de ces tumeurs (79%) avaient au moins une mutation et le gène p53 était altéré dans 44 cas (47%) suivi de KRAS dans 27 cas (29%). On trouvait aussi des mutations de 21 autres gènes dont quelques-unes sont familières au lecteur comme par exemple PIK3CA (n=6), EGFR (n=4), BRAF (n=2), NRAS (n=2) etc.

A l’exception de 2 gènes, les caractéristiques des 74 patients présentant au moins une mutation ne différaient pas en général de celles des 21 non mutés. Il y avait toutefois davantage de stades I parmi les patients non mutés (75 vs 59%).

En revanche, pour les 2 gènes les plus fréquemment altérés, TP53 et KRAS les caractéristiques cliniques étaient différentes :

  • TP53 était plus fréquemment muté chez les 18 patients qui présentaient un cancer épidermoïde et chez les 6 ayant des tumeurs neuroendocrines. Le tabagisme des patients qui avaient cette mutation était plus élevé que celui des malades qui ne l’avaient pas (51 vs 43 PA).
  • Des mutations de KRAS n’ont été observées que parmi les malades atteints d’adénocarcinome. 

Le taux de survie à 5 ans des 74 malades présentant au moins une mutation était de 66% alors qu’il était de 100% chez ceux qui n’avaient pas de mutation. Cette différence était significative même après exclusion des 4 cancers bronchiques à petites cellules. 

Les auteurs qui avaient travaillé sur la valeur pronostique des microRNAs plasmatiques dans cette population de sujets dépistés dans le cadre de l’étude MILD (cliquer ici) ont cherché à combiner le statut mutationnel avec la signature de microRNA pour définir le profil de risques  de ces patients : ils ont été stratifiés en 3 groupes qui tous 3 avaient des taux de survie à 5 ans extrêmement différents.

Quelles sont les conséquences de ce travail ? Les auteurs nous disent que, comme les micro-RNA, ces résultats pourraient aider à distinguer les nodules peu évolutifs, voire indolents, des autres. C’est possible, mais ce n’est pas prouvé par cette étude. En effet ce n’est pas parce que la survie à 5 ans d’un groupe de malades opérés d’un cancer pulmonaire ayant certaines caractéristiques moléculaires est de 100% à 5 ans, que cette survie serait la même si ces cancers n’avaient pas été opérés. Le prouver nécessiterait d’autres études prospectives randomisées définissant la place de la chirurgie chez ces malades dont le cancer serait de « bon pronostic ».

 

Reference

Mutational Profile from Targeted NGS Predicts Survival in LDCT Screening-Detected LungCancers.

Verri C, Borzi C, Holscher T, Dugo M, Devecchi A, Drake K, Sestini S, Suatoni P, Romeo E, Sozzi G, Pastorino U, Boeri M.

J Thorac Oncol 2017; 12 : 922-931

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer