Journal of the National Cancer Institute

Quel est l’impact des “médecines alternatives” sur la survie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2018

Relation avec le patient

 

L’utilisation des traitement dits « alternatifs » est très répandue en cancérologie mais peu d’études ont cherché à déterminer l’impact de ses traitements sur la survie.

L’étude que nous commentons ici avait pour but d’identifier les facteurs associés au recours à ce type de traitement et à comparer la survie  des patients atteints de cancers non métastatiques du sein, de la prostate, du poumon, du colon et du rectum traités ainsi à celle de patients recevant un traitement conventionnel. Elle a été réalisée à partir des données recensées entre 2004 et 2013 dans la National Cancer Data Base américaine qui recueille les données d’environ 70% des patients atteints de cancer aux USA. Les patients étaient éligibles à cette étude quand étaient cotés dans cette base de données : « autres traitements non prouvés » , « traitements administrés par des personnels non médicaux » et quand ils ne recevaient ni traitement spécifique ni chimiothérapie à visée palliative.

Au total 281 cas ont été ainsi identifiés : comparativement aux malades qui recevaient un traitement conventionnel , ces patients étaient plus jeunes, étaient plus souvent des femmes, avaient un indice de comorbidité bas, un cancer de stade élevé, un cancer du sein ou du poumon, des niveaux d’éducation et de revenus élevés. Le territoire géographique où ils vivaient aux USA jouait également un rôle.

En analyse multivariée étaient significativement associés au fait de recevoir des traitements alternatifs le fait d’avoir un cancer du sein (OR=2,56) ou du poumon (OR=3,16), un niveau d’éducation élevé (OR=1,46), un cancer de stade II (OR =3,31) ou III (OR=3,87) et certains territoires géographiques.

Ensuite 280 patients recevant un traitement alternatif ont été appariés à 560 qui recevaient un traitement conventionnel pour une analyse de survie réalisée avec un suivi médian de 66 mois. Globalement la survie de l’ensemble des patients ayant reçu un traitement alternatif était significativement inférieure (HR = 2,21, 95% CI = 1,72-2,83) et le fait d’avoir reçu un traitement alternatif étaient de façon indépendante prédictif d’un plus grand risque de décès. Cela était notamment vrai pour le cancer du poumon : la survie à 5 ans des malades ayant reçu un traitement alternatif était moins de la moitié de celle des malades qui avaient reçu un traitement conventionnel (p<0,001).

Ces données sont intéressantes et peuvent être communiquées à nos malades désireux de s’orienter vers ces traitements. Néanmoins le refus des soins classiques chez les malades qui ont un cancer broncho-pulmonaire de stade I à III nous semble être une situation rare en France. Nous sommes plus fréquemment confrontés à un refus de soins pour les cancers de stade IV voire à l’addition de traitements alternatifs à un traitement conventionnel et il nous semble que nous manquons aussi  pour ces situations cliniques de données chiffrées à transmettre à nos malades. 

Reference

Use of Alternative Medicine for Cancer and Its Impact on Survival.

Johnson SB, Park HS, Gross CP, Yu JB.

J Natl Cancer Inst 2018; 110 : 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer