Cancer

Quel est l’usage de la chimiothérapie adjuvante dans une vaste population américaine ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2014

Traitement péri-opératoire

Cette étude américaine a été réalisée à partir d’un registre d’anciens combattants dans lequel les dossiers de près de 50 000 patients atteints de tous les stades de cancers bronchiques non à petites cellules ont été enregistrés entre 2001 et 2008. Pendant cette période, le taux de cancers diagnostiqués est resté stable de même que les taux de chaque stade et les taux de résections chirurgicales ce qui témoigne du fait qu’il n’y a sans doute pas eu de migration de stages.

Parmi ces patients, 14 306 ont été diagnostiqués  avec un stade allant de IB à IIIA et 5967 d’entre eux ont été opérés. Parmi ces derniers 4929 patients seulement ont été retenus pour l’étude car il manquait pour les autres un certain nombre de données.

Pour tous les stades, la chimiothérapie adjuvante était associée avec une réduction significative du risque de décès comme le montre le tableau ci-dessous :

N (%)

HR (95% CI)

Stade IB

Pas de chimiothérapie

2532 (86)

1

Chimiothérapie

413 (14)

0,85 (0,73–0,99)

Stade II

Pas de chimiothérapie

936 (67,5)

1

Chimiothérapie

451 (32,5)

0,77 (0,66–0,89)

Stade IIIA

Pas de chimiothérapie

366 (61,3)

1

Chimiothérapie

231 (38,7)

0,82 (0,67–0,99)

On voit sur ce tableau que ce sont les stades II  qui bénéficiaient le plus de la chimiothérapie.

Près de 90% des traitements adjuvants étaient à base de sels de platine et le carboplatine était de loin le plus utilisé, puisqu’il l’était dans plus de 70% des cas, dans la grande majorité des cas en association avec le paclitaxel. De façon étonnante, l’association cisplatine et vinorelbine n’a été utilisée que dans 12% des cas. L’utilisation du cisplatine comparée à celle du carboplatine n’avait dans cette étude aucun effet significatif sur la survie.

Cette étude confirme la faisabilité de la chimiothérapie adjuvante dans une vaste population. Toutefois, on est surpris de constater qu’un nombre élevé de patients n’ont pas de chimiothérapie adjuvante alors qu’ils en avaient l'indication. Le taux des patients traités a certes augmenté : par exemple, pour les cancers de stade II, pour lesquels l’indication est formelle, le pourcentage de patients qui ont reçu une chimiothérapie est passé de 8,8% en 2001-2003 à 37,9% en 2004-2005 et 48,7%  en 2006-2008. Cette augmentation est à mettre sur le compte de la connaissance progressive de la population médicale des résultats des grandes études (IALT en 2004, JBR 10 en 2005, ANITA en 2006 et CALGB en 2008). Il n’en reste pas moins qu’à la fin de cette étude plus de 50% des patients qui ont une indication à une chimiothérapie adjuvante n’en ont pas reçu. Cela est connu en France, ou des chiffres comparables ont été publiés il y a plusieurs années par l’équipe de l’IGR (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19745763). Les raisons de ces non prescriptions d’un traitement dont l’efficacité est pourtant certaine méritent d’être mieux connues. Ces constatations probablement plaident aussi pour une utilisation de la chimiothérapie néo-adjuvante dont l’efficacité est du même ordre que celle de la chimiothérapie adjuvante (/les-essais-cliniques-sont-de-plus-en-plus-cibles) mais dont la compliance est bien plus élevée.   

Reference

Use and impact of adjuvant chemotherapy in patients with resected non-small cell lung cancer.

Williams CD1, Gajra A, Ganti AK, Kelley MJ.

Cancer 2014; 120 : 1939-47.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer