European Journal of Cardio-Thoracic Surgery

Quel lien entre le statut nutritionnel et le risque opératoire des lobectomies pour cancer ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2014

Chirurgie

Nous avions analysé sur ce site il y a quelques mois deux études sur surcharge pondérale et chirurgie : la première, issue d’une grande base de données nord-américaine, montrait qu’un BMI ≥30 ne doit pas faire récuser une lobectomie mais simplement rendre particulièrement attentif au risque de complications respiratoires post-opératoires (/prev-em-onco/3311). Une seconde étude ne montrait aucune différence significative entre les taux de morbidité, de mortalité à 30 jours, les durées de séjour et les durées de drainage entre les malades opérés pour cancer broncho-pulmonaire qui avaient un BMI <25 ou ≥25 (/faut-il-commencer-par-une-eus-ou-par-une-ebus). Ces résultats étaient en contradiction avec des études antérieures qui montraient au contraire un risque augmenté.

Pour trancher ce problème, les auteurs français de ce travail ont utilisé les données d’une base de travail très importante, Epithor. Cette base contient maintenant les données d’une centaines de centres publiques et privés et, avec actuellement le recueil de 180 000 gestes chirurgicaux, elle représente plus de 70% des gestes de chirurgie thoracique réalisés en France.  Dans cette base ont été sélectionnés 19 635 patients qui ont eu une lobectomie pour cancer broncho-pulmonaire entre 2005 et 2011. Les définitions des catégories de patients selon leur BMI  étaient celles de l’OMS[1]. L’objectif principal était la mortalité opératoire à 30 jours. Les objectifs secondaires étaient les complications cardio-vasculaires, infectieuses et chirurgicales.

 

Le taux global de mortalité opératoire était de 2,5%, significativement inférieur chez les patients dont le BMI était élevé et supérieur chez ceux qui présentaient une insuffisance pondérale (tableau ci dessous). 

 

Décès opératoire (%)

p

OR

95% CI

p

Normal

2,7

 

0,002

1

 

 

Insuffisance pondérale

4,1

1,89

[1.30–2.75]

0,001

Surpoids

2,3

0,72

[0.59–0.89]

0,002

Obésité

1,9

0,54

[0.40–0.74]

<0,001

Les patients en insuffisance pondérale avaient significativement plus de complications pulmonaires et infectieuses. En revanche, à l’exception des arythmies et des complications thromboemboliques, les patients obèses avaient moins de complications.

Cette étude qui a des effectifs particulièrement importants, montre que c’est surtout la dénutrition qui représente un risque accru de complications liées à une lobectomie pour cancer. Le surpoids et l’obésité ne sont pas à l’origine d’un accroissement de risque.



[1] BMI :

IMC (BMI)

Définition

<18,5

Insuffisance pondérale

18,5≤BMI<25

Normal

25≤BMI<30

Surpoids

≥30

Obésité

Reference

National perioperative outcomes of pulmonary lobectomy for cancer: the influence of nutritional status.

Thomas PA, Berbis J, Falcoz PE, Le Pimpec-Barthes F, Bernard A, Jougon J, Porte H, Alifano M, Dahan M; on behalf of the EPITHOR Group.

Eur J Cardiothorac Surg. 2013 Sep 23. [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer