European Journal of Cancer

Rash et effet de l’erlotinib

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2014

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

Le rationnel de cette étude prospective de phase 2 de l’ECOG conçue avant la découverte des mutations EGFR est basée sur la recherche de doses efficaces à partir de l’observation de rashs cutanés chez des patients qui recevaient l’erlotinib en première ligne.

Tous les patients étaient traités au début par 150 mg/jour d’erlotinib. Les doses étaient  ensuite augmentées de 25 mg toutes les 2 semaines jusqu’à 250 mg, à moins que ne survienne un rash cutané de grade 2 ou une autre toxicité limitante. Une évaluation tumorale avait lieu tous les 56 jours. Les blocs en paraffine n’ont pu être recueillis et utilisés que chez un petit nombre de patients.

Au total 137 patients ont été inclus, 124 étaient éligibles pour l’étude d’efficacité et 135 pour celle de la toxicité.

Leur âge moyen était de 70 ans, il y avait 57% de femmes, 1,6% d’asiatiques, 60% d’adénocarcinomes.

Un quart des patients dut interrompre l’étude pour toxicité et 10 patients refusèrent de la poursuivre. Deux patients sont décédés de toxicité pulmonaire.

Un peu moins de la moitié des patients ont reçu 150mg d’erlotinib, le reste des patients ont reçu des doses supérieures jusqu’à 250 mg (tableau ci-dessous)

Dose d’erlotinib reçue (mg)

N patients (%)

150

55 (44,4)

175

24 (19,4)

200

22 (17,7)

225

6 (4,8)

250

17 (13,7)

Huit (6,5%) patients ont eu une réponse objective et 43 (34,7%) une stabilité.

Les réponses n’étaient pas associées à la toxicité et notamment aux rashs cutanés.

Le taux de survie médiane était de 7,7 mois et le pourcentage de survie à un an de 40%.

La survie était significativement plus élevée chez les patients qui avaient un rash et chez ceux qui avaient reçu des doses supérieures à 150 mg (Tableau ci-dessous) :

 

Délai

Rash cutané

Médiane de survie (mois)

p

Survie globale

2 mois

Grade <2

3,9

0,02

Grade ≥2

10,7

4 mois

Grade <2

3,9

0,01

Grade ≥2

15 ,7

 Elle était également plus élevée chez les patients qui avaient eu un rash lorsque les doses étaient élevées (19,1 vs 7,2 mois).

 

Cette étude est intéressante car elle montre un lien entre rash et survie et, à toxicité cutanée équivalente, entre dose reçue et survie.

Si elle n’avait pas été conçue avant que l’impact du statut mutationnel ne soit connu, cette étude aurait pu être fortement critiquée car il ne serait plus éthique, après IPass, de faire une telle étude en première ligne chez les non mutés. De même, on aimerait comprendre pourquoi la survie médiane est si basse. Quels ont été les traitements de deuxième ligne ? Combien de patients en ont-ils reçus ?

Néanmoins, les résultats de cette étude pourraient alimenter notre  réflexion concernant le traitement de deuxième ligne chez les non mutés : peut-être, dans le débat actuel sur la deuxième ligne par erlotinib, (/les-femmes-dont-le-tabagisme-est-eleve-ont-elles-un-risque-de-cancer-broncho)  serait-il intéressant d’optimiser chez ces malades les doses d’erlotinib et de comparer ce traitement à une chimiothérapie de deuxième ligne ?

Reference

Dosing to rash: A phase II trial of the first-line erlotinib for patients with advanced non-small-cell lung cancer an Eastern Cooperative Oncology Group Study (E3503).

Brahmer JR, Lee JW, Traynor AM, Hidalgo MM, Kolesar JM, Siegfried JM, Guaglianone PP, Patel JD, Keppen MD, Schiller JH.

European Journal of Cancer 2014 ; 50 : 302– 308

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