Journal of Clinical Oncology

Résultats à long terme du traitement par nivolumab

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2015

Immunothérapie

On a beaucoup parlé lors de ce dernier congrès de l’ASCO des résultats des essais de phase III comparant le nivolumab au docetaxel en deuxième ligne, cette comparaison étant à la faveur du nivolumab dans les cancers épidermoïdes (ASCO Proc, 8009, 424s) comme dans les adénocarcinomes (Asco Proc, LBA 109, 7s) et tous ceux qui s’intéressent au cancer broncho-pulmonaire gardent en mémoire que ce traitement est actif chez 20% environ des patients et que, de façon intéressante, ce sont souvent les patients qui n’ont pas répondu aux autres traitements, qui répondent à ces traitements (/traitement-neo-adjuvant-par-erlotinib). L’étude que publie ici le Journal Clinical Oncology pourrait paraître dépassée  parce qu’elle fait état de résultats d’une étude de  phase I à un moment où on prend connaissances des études de phase III. En fait, il n’en est rien, car cette étude apporte des données originales sur la survie réelle de ces patients et ces données sont intéressantes.

Il s’agit d’une étude de phase I avec escalade de doses (1, 3 et 10 mg/kg) et cohorte d’extension ayant porté sur des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules, de mélanome, de cancer du rein, de cancer colo-rectal et de cancer de la prostate. Cet article rapporte les données de survie globale des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules.

Au total, 129 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules (42% d’épidermoïdes) ont été inclus par 12 centres américains. Plus de la moitié de ces patients avaient reçu antérieurement 3 lignes de traitement ou plus .

La survie médiane était de 9,9 mois pour l’ensemble de ces malades et de 14,9 mois pour les 37 qui ont reçu 3 mg/kg. Les taux de réponse et de survie sont indiqués dans le tableau ci-dessous :  

 

Réponses (%)

Durée de réponse (mois)

Médiane de survie (mois)

Survie (%)

1 an

2 ans

3 ans

Ensembles des malades

Toutes doses

17,1

17

9,9

42

24

18

3 mg/Kg

24,3

17

14,9

56

42

27

Epidermoïdes

Toutes doses

16,7

NA

9,2

41

24

19

3 mg/Kg

22,2

NA

9,5

49

35

28

Non épidermoïdes

Toutes doses

17,6

14,2

10,1

42

23

16

3 mg/Kg

26,3

13,6

18,2

62

48

24

Il est particulièrement important de noter que la durée médiane de réponse était de 17 mois et que les taux de survie de ces malades, qui pour la moitié avaient reçu 3 lignes ou plus de chimiothérapie, atteignaient 27% chez ceux qui ont reçu les doses de 3 mg/kg.

Au total, 41% des patients ont eu un effet adverse rattaché au traitement de tous grades. Quatre patients (3%) ont eu une toxicité pulmonaire de grade ≥3 dont l’une d’entre elles a été responsable d’un décès.  Deux autres décès associés à une pneumopathie de grade 4 ont été observés.

L’intérêt de ce travail est qu’il montre bien qu’une partie de ces malades, dont plus de la moitié étaient lourdement prétraités, bénéficient du traitement par nivolumab avec des durées de réponse et de survie très prolongées. Ces résultats très intéressants pour des malades qui, souvent à ce stade, échappent à tout traitement ne doivent pas faire oublier que la toxicité, notamment pulmonaire, reste potentiellement grave. 

Reference

Overall Survival and Long-Term Safety of Nivolumab (Anti-Programmed Death 1 Antibody, BMS-936558, ONO-4538) in Patients With Previously Treated Advanced Non-Small-Cell Lung Cancer.

Gettinger SN, Horn L, Gandhi L, Spigel DR, Antonia SJ, Rizvi NA, Powderly JD, Heist RS, Carvajal RD, Jackman DM, Sequist LV, Smith DC, Leming P, Carbone DP, Pinder-Schenck MC, Topalian SL, Hodi FS, Sosman JA, Sznol M, McDermott DF, Pardoll DM, Sankar V, Ahlers CM, Salvati M, Wigginton JM, Hellmann MD, Kollia GD, Gupta AK, Brahmer JR

J Clin Oncol 2015; 33 : 2004-12. 

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