Journal of Clinical Oncology

Traitement néo-adjuvant par erlotinib

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2012

Thérapeutique ciblée, Traitement péri-opératoire

Il y a moins de deux mois nous analysions dans ce site un article sur le traitement néo-adjuvant par gefitinib de cancer bronchique non à petites cellules de stade précoce (/une-etude-de-phase-i-avec-un-anti-parp-associe-la-chimiotherapie-dans-les-cancers).

Voici une autre étude, cette fois avec l’erlotinib.

C’est une étude de phase II prospective et multicentrique hollandaise dont l’objectif est d’évaluer l’efficacité et la toxicité de ce traitement dans cette situation.

Malades et traitement

Dans une première phase ont été inclus 15 patients issus d’une population enrichie (au moins 2 des facteurs suivants : femmes, adénocarcinomes, non fumeurs, asiatiques).

Ensuite, le comité de surveillance a décidé d’inclure 45 patients non sélectionnés. Au total, il y avait 29 patients issus d’une population enrichie et 31 d’une population non enrichie.

Tous les patients qui devaient être T1-3 N0-1 recevaient quotidiennement 150 mg d’erlotinib pendant seulement 3 semaines avant la chirurgie.  

Bien que ce traitement soit court il n’a pas été parfaitement appliqué chez tous les malades puisque :

  • 42 seulement ont été traités conformément au protocole,
  • 7 n’ont reçu l’erlotinib que de 15 à 18 jours,
  • 4 ont eu une réduction de dose à 100mg,
  • et 7 stoppèrent prématurément pour toxicité.

Le temps moyen entre la chirurgie et le dernier jour d’erlotinib était de 3 jours (1-20).

Le taux de complications post-opératoires et la durée de séjour n’ont pas été augmentés.

Réponse

Trois (5%) patients ont eu une réponse scanographique, tous les 3 dans le groupe enrichi.  Seize (27%) avaient une réponse métabolique dont 10 (34%) dans le groupe enrichi. Des signes histologiques de réponse (nécrose et fibrose) ont été observés chez 14 (23%) des patients dont 11 dans la population enrichie.

Statut mutationnel et réponse

Des mutations EGFR ont été objectivées chez 7 patients (dont 5 dans la population enrichie). Parmi ceux-ci 4 ont eu une réponse métabolique et 3 une réponse histologique.

Des mutations KRAS ont été trouvées chez 12 patients  (6 dans chaque population). Un d’entre eux avait une réponse métabolique et histologique.

Survie

Le taux de PFS à 2 ans était de 77% et le taux de survie globale de 82%.

 

Commentaires

Beaucoup d’ienseignements sont à tirer de cette étude :

  • l’administration d’erlotinib avant la chirurgie est faisable.
  • On retrouve la notion déjà acquise avec la chimiothérapie néo-adjuvante que le scanner sous estime la réponse et qu’il faut probablement avoir recours à la TEP-FDG et à l’appréciation histologique de la réponse.
  • Sélectionner les malades sur les mutations EGFR ou même sur des facteurs cliniques conduit dans un nombre de cas non négligeable à priver les patients d’un traitement efficace. C’est probablement pour ces patients que la recherche très précoce d’une réponse métabolique serait, comme le suggèrent les auteurs, intéressante.

Cet article est parmi les premiers sur ce thème. Il sera certainement suivi de beaucoup d’autres puisque rien que pour l’erlotinib une vingtaine d’études de ce type sont en cours (http://clinicaltrials.gov). 

 

Reference

Tumor Response and Toxicity of Neoadjuvant Erlotinib in Patients With Early-Stage Non-Small-Cell Lung Cancer.

Schaake EE, Kappers I, Codrington HE, Valdés Olmos RA, Teertstra HJ, van Pel R, Burgers JA, van Tinteren H, Klomp HM.

J Clin Oncol. 2012 Jul 2. [Epub ahead of print}

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer