Clinical Lung Cancer

Second cancer broncho-pulmonaire après un cancer ORL. Une importante étude de la SEER Database

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2020

Dépistage, Surveillance

Des études rétrospectives ont montré que les patients qui ont des antécédents de cancers ORL (cancers de la tête et du cou) et qui développent ensuite un cancer bronchique non à petites cellules ont une plus mauvaise survie que ceux qui n’ont pas de deuxième cancer. En revanche, il n’y a que peu de données disponibles comparant les malades qui ont un cancer bronchique non à petites cellules avec des antécédents de cancer ORL à ceux qui n’ont pas ces antécédents.

Pour effectuer cette comparaison, les auteurs ont utilisé les données de la base de données SEER en identifiant dans ce registre 3597 patients qui ont eu d’abord un cancer épidermoïde ORL non métastatique (entre 1973 et 2013) suivi par un cancer bronchique non à petites cellules. Ils ont comparé les données de ces patients avec celles de 365 551 patients qui avaient un cancer bronchique non à petites cellules (en limitant aux épidermoïdes et aux adénocarcinomes y compris les cancers bronchioloalvéolaires. Les cancers bronchiques non à petites cellules de ces patients étaient classées en trous groupes : localisé, régional et métastatique.  

Le délai médian entre le diagnostic de cancer ORL et celui de cancer du poumon était de 36 mois dans les cancers localisés, 49,2 mois dans les cancers à extension régionale  et 50,4 mois dans les cancers métastatiques. 

Parmi les patients qui avaient des antécédents de cancer ORL, il y avait significativement d’avantage de patients à extension locale ou régionale et moins de métastatiques et parmi les localisés qui avaient des antécédents ORL significativement moins étaient opérés d’emblée et davantage étaient traités par radiothérapie. 

Les taux de survie et durées médianes de survie étaient significativement plus élevés chez les malades qui n’avaient pas d’antécédents de cancer ORL comme le montre le tableau ci-dessous : 

 

Antécédents de cancer ORL

Pas d’antécédent de cancer ORL

p

Localisés

Survie à 1 an (%)

74,4

81

 

Survie à 2 ans (%)

56,4

68,2

 

Survie à 5 ans (%)

29,9

46,5

 

Durée médiane de survie (ans)

2,5

4,6

<0,001

Etendus

 

 

 

Survie à 1 an (%)

55,9

61 ,6

 

Survie à 2 ans (%)

31,4

42,1

 

Survie à 5 ans (%)

13,7

22,6

 

Durée médiane de survie (ans) 

1,17

1,58

<0,001

Métastatiques

 

 

 

Survie à 1 an (%)

19,2

25,5

 

Survie à 2 ans (%)

7,6

11,4

 

Survie à 5 ans (%)

1,4

3,2

 

Durée médiane de survie (ans)

0,42

0,5

<0,001

Parmi les malades qui avaient un antécédent de cancer ORL, les causes de décès étaien beaucoup plus fréquemment le cancer broncho-pulmonaire (60%) que le cancer ORL (13%). 

En analyse multivariée, un antécédents de cancer ORL était toujours significativement associé à une mauvaise survie qu’il s’agisse d’un cancer localisé (HR=1,40), étendu (HR=1,26)  ou métastatique (HR = 1,11). Cette association significative persistait même en ne prenant pas en compte les malades pour lesquels l’intervalle était <2 ans (pour réduire la probabilité de confusion entre un deuxième cancer et un cancer métastatique). Enfin une analyse par la méthode des scores de propension a permis de retrouver encore un lien significatif entre survie et antécédents de cancer ORL. 

Cette étude rétrospective dont la méthodologie est excellente démontre que la survenue d’un cancer broncho-pulmonaire après un cancer ORL est une éventualité fréquente et que les cancers bronchiques non à petites cellules des patients qui ont un antécédents de cancer ORL sont de moins bon pronostic que ceux des patients qui n’en ont pas. Elle démontre aussi que ces deuxièmes cancers sont souvent localisés et donc accessibles à un traitement curatif, ce qui suggère que le dépistage de ces cancers broncho-pulmonaires chez les survivants d’un cancer ORL doit être une priorité. 

 

 

Reference

Second Primary Non-Small-Cell Lung Cancer After Head and Neck Cancer: A Population-BasedStudy of Clinical and Pathologic Characteristics and Survival Outcomes in 3597  Patients.

Budnik J, DeNunzio NJ, Singh DP, Milano MT.

Clin Lung Cancer 2020; 21 : 195-203

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer