Journal of Thoracic Oncology

Faut-il dépister le cancer broncho-pulmonaire chez les non fumeurs exposés à des risques carcinogènes autres que le tabac ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2015

Dépistage, Diagnostic précoce

Faut-il dépister les non fumeurs qui sont exposés à un risque élevé de cancer broncho-pulmonaire, notamment ceux qui sont exposés à un risque professionnel ? 

L’étude réalisée ici a été publiée à partir d’un modèle, le MISCAN-Lung modèle (MIcrosimulation SCreening ANalysis). Ce modèle a été conçu à partir des données du NLST, de l’étude PLCO qui, à l’inverse de l’étude NLST comportait des non fumeurs, et de données de la SEER database.

Ainsi plusieurs cohortes de non fumeurs dont le risque était calculé en fonction de divers facteurs liés à l’existence d’antécédents familiaux, à l’environnement ou à la profession ont été comparés à une cohorte ayant les critères définis par l’ US Preventive Services Task Force (USPSTF) c’est à dire : fumeurs ou anciens fumeurs  de 55 à 80 ans, d’au moins 30 PA et ayant interrompu leur tabagisme depuis moins de 15 ans. 

A partir de ces cohortes fictives, ont pu être estimées un grand nombre d’informations sur :

-       les bénéfices du dépistage (par exemple le nombre de cancers de stades précoces, la réduction de mortalité spécifique, le nombre d’années de vie gagnées, le nombre de dépistages nécessaires pour éviter un décès par cancer broncho-pulmonaire),

-       et sur les inconvénients, comme par exemple le nombre de scanners ou le nombre de surdiagnostic.

Globalement, la réduction de la mortalité spécifique est encore plus importante que chez les fumeurs qui ont les critères  de l’USPSTF (37 vs 32%). Toutefois le nombre de scanners pour éviter un décès par cancer broncho-pulmonaire et le nombre de surdiagnostics auxquels il faut s’attendre est plus élevé.

En fait, ce n’est que chez les personnes qui ont un excès de risque comparable à celui d’un fumeur de 20 cigarettes par jour pendant 30 ans, c’est à dire un risque ≥15 qu’on peut s’attendre à un bénéfice identique à celui du dépistage réalisé chez un fumeur.

Par exemple, chez une personne exposée à un risque professionnel, qui n’a pas fumé et pour laquelle on estime que le risque est 5 fois supérieur à celui d’un non fumeur non exposé (ce qui est déjà très important), il faut 1216 scanners pour éviter un décès par cancer broncho-pulmonaire alors qu’il n’en faut que 353 pour un fumeur ou anciens fumeur qui a les critères de l’USPSTF. Pour quelqu’un dont le risque est doublé, il en faut 3075.

La plupart des non fumeurs qui ont une exposition professionnelle ou environnementale ont une augmentation de risque qui est très inférieure à celle qu’induit le tabac. Pour la plupart de ces personnes, le dépistage n’est donc  pas indiqué. 

Reference

Should Never-Smokers at Increased Risk for Lung Cancer Be Screened?

Ten Haaf K, de Koning HJ.

J Thorac Oncol 2015; 10 : 1285-91

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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