Cancer

Suivi des patients traités par erlotinib par le statut mutationnel déterminé sur l’ADN circulant.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2015

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

L’ADN plasmatique offre-t-il une opportunité pour suivre les mutations EGFR au cours du traitement ? C’est la question que pose cette étude qui s’adresse à 23 patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules avec initialement une mutation activatrice de l’EGFR et traités par erlotinib. Un échantillon plasmatique  était prélevé à chaque visite pour examen de routine, c’est-à-dire toutes les quatre semaines pendant les trois premiers mois et ensuite toutes les six semaines.

Les taux d'ADN plasmatique contenant des mutations activatrices de l’EGFR  ont diminué chez tous les patients, à l’exception de l’un d’entre eux,  après les quatre premières semaines de traitement par erlotinib. Chez plus de la moitié des patients ces taux étaient réduits jusqu’à un niveau indétectable, et même ces taux restèrent sans mutation détectable pendant toute la durée de l’étude chez 6 de ces patients. Le type de mutation activatrice de l’EGFR resta le même pendant toute la durée du traitement.

Chez 9 de ces patients, des mutations de résistance T790M sont apparues pendant la durée du traitement par erlotinib. Ces mutations de résistance coexistaient avec les mutations activatrices, qui elles mêmes augmentaient lorsqu’elles apparaissent. À l’inverse chez les patients qui n’avaient pas de mutation de résistance, les mutations activatrices ne réaugmentaient pas.

A l’examen du dernier échantillon précédant la progression, les données étaient variables : certains patients avec des mutations T790M associées à des mutations activatrices, d’autres avaient les mutations activatrices sans mutation de résistance, et d’autres avaient ni l’une ni l’autre.

Enfin le temps jusqu’à progression était plus long chez les patients qui avaient des mutations de résistance que chez ceux qui n’en avaient pas, ce qui cadre bien avec la notion admise actuellement que ces malades ayant une mutation T790M ont une maladie plus lentement évolutive.

La recherche de mutations sur l’ADN circulant dont nous parlions il y a quelques mois (/tabagisme-egal-il-semble-bien-que-le-risque-des-femmes-soit-superieur) est de plus en plus étudiée. Les résultats publiés ici sont particulièrement intéressants, même s’ils sont préliminaires puisqu’ils portent sur un petit nombre de malades. Ils demandent donc à être confirmés.  S’ils le sont, on peut penser qu’ils  vont changer profondément la prise en charge thérapeutique de ces malades au moment où ils rechutent.

Reference

Monitoring of epidermal growth factor receptor tyrosine kinase inhibitor-sensitizing and resistance mutations in the plasma DNA of patients with advanced non-small cell lung cancer during treatment with erlotinib.

Sorensen BS, Wu L, Wei W, Tsai J, Weber B, Nexo E, Meldgaard P.

Cancer 2014; 120 : 3896-901

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer