Journal of Clinical Oncology

Une nouvelle étude randomisée de l’équipe de JS Temel sur l’intégration précoce des soins palliatifs dans le traitement des cancers métastasiques.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2017

Traitement des stades IV, Qualité de vie / Soins palliatifs, Relation avec le patient

On se souvient  de l’étude randomisée de l’équipe de JS Temel publiée dans le New England  Journal of Medicine en 2010 qui comparait chimiothérapie et « soins palliatifs précoces » à chimiothérapie exclusive. Les auteurs avaient montré dans une étude randomisée portant sur 151 patients que le fait de s’intéresser aux symptômes tels que la douleur ou la dyspnée dès le diagnostic et de parler au malade améliorait la qualité de vie, l’humeur et même la durée de vie (cliquer ici pour un accès gratuit). A l’époque cet article était apparu comme l’une  des trois « major advances » selon l’ASCO pour l’année 2010. Secondairement ces mêmes auteurs avaient montré que la mise en œuvre de « soins palliatifs précoces » améliorait aussi la perception réelle du pronostic et limitait l’utilisation de chimiothérapie en fin de vie (cliquer ici).

Méthodes

Voici une autre étude randomisée monocentrique réalisée au Massachusetts General Hospital par cette même équipe chez des patients atteints de cancers broncho-pulmonaires jugés incurables, de mésothéliomes et de cancers du pancréas, des voies biliaires, de l’œsophage ou de l’estomac.

Ils étaient randomisés pour recevoir ou non des « soins palliatifs précoces »,  c’est à dire pour être reçus par un membre de l’équipe de soins palliatifs dans les 4 premières semaines puis tous les mois. Dans le groupe intégrant les soins palliatifs, en cas d’impossibilité de consultation les patients étaient contactés au téléphone par un médecin de cette équipe. Ils pouvaient aussi être revus par un membre de cette équipe aussi souvent que nécessaire.

La qualité de vie était mesurée sur l’échelle FACT-G (cliquer ici) FACT-G_ENG_Final_Ver4_16Nov07.pdf  , l’humeur, l’anxiété et la dépression étaient évaluées par les questionnaires PHQ-9 (cliquer ici) et HADS (cliquer ici). Enfin la connaissance du traitement et la perception du pronostic était évalué selon l’outil développé par El-Jawahri et al (cliquer ici pour un accès gratuit).

Résultats

Au total 350 patients ont été enrôlés dans l’étude et 175 ont été randomisés dans chaque bras. La moyenne d’âge était de 65 ans, il y avait 54 % d’hommes, et plus de la moitié des patients étaient traités pour un cancer broncho-pulmonaire. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient réparties de façon identique à l’exception de l’âge légérement plus élevé dans le groupe expérimental.

Il y a eu en moyenne durant 24 semaines 6,54 visites en soins palliatifs  dans le bras expérimental et 0,89 dans le bras de référence.

La qualité de vie et l’humeur étaient améliorées dans le bras expérimental : à 24 semaines les patients du bras de référence avait une diminution des scores de l’échelle FACT-G de 3,40 points alors que ce du bras expérimental avait eu une augmentation de 1,13 point. Cette différence était significative. En revanche les scores d’anxiété et de dépression ne différaient pas significativement.

À 12 semaines,  la proportion de patients qui disaient que le but de leur traitement était de guérir leur maladie n’était pas significativement différente dans les deux bras, mais il y avait plus de malades du bras expérimental qui pensaient que la connaissance de leur pronostic était utile pour le choix de leur traitement.

A 24 semaines, davantage de malades du bras expérimental disaient avoir parlé de leurs souhaits concernant leur fin de vie avec leur oncologue (30,2% vs 14,5%, p=0,004).

À noter qu’il y avait quelques différences entre les patients atteints de cancers pulmonaires et ceux atteints de cancers digestifs.

Cette étude apporte des données complémentaires aux autres études de l’équipe de Temel mais encore beaucoup de questions demeurent qui feront certainement l’objet d’études ultérieures. On voit notamment de plus en plus de patients atteints de cancers broncho-pulmonaires métastatiques qui,  parce qu’ils ont des anomalies moléculaires qui les rendent accessibles à des traitements ciblés ou parce qu’ils sont sensibles à l’immunothérapie,  ont des survies très prolongées. Ces patients doivent ils être pris en charge dès le diagnostic de leur maladie métastatique par l’équipe de soins palliatifs ?  De même les informations données aux patients doivent évoluer pour se rapprocher de la réalité car maintenant, plus encore qu’avant,  les mêmes informations  ne peuvent pas être données indifféremment à tous les malades atteints de cancer métastatique. Ceci a pour conséquence qu’une information régulière circule en permanence entre les oncologues et les médecins de soins palliatifs.

 

Reference

Effects of Early Integrated Palliative Care in Patients With Lung and GI Cancer: A Randomized Clinical Trial.

Temel JS, Greer JA, El-Jawahri A, Pirl WF, Park ER, Jackson VA, Back AL, Kamdar M, Jacobsen J, Chittenden EH, Rinaldi SP, Gallagher ER, Eusebio JR, Li Z, Muzikansky A, Ryan DP.

J Clin Oncol. 2016 Dec 28  [Epub ahead of print]

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