Journal of Clinical Oncology

Veliparib ou Placebo associé à Carboplatine et Paclitaxel dans les cancers épidermoïdes : une étude randomisée de phase III

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2021

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

L’inhibition de PARP (qui joue un rôle important dans la réparation des lésions de l’ADN induites par les traitements) a été reconnue comme efficace dans certaines tumeurs et le serait dans certains cancers broncho-pulmonaires.  Le Veliparib, un inhibiteur de PARP 1/2, a été étudié en association au carboplatine et au paclitaxel dans les cancers bronchiques non à petites cellules et renforcerait, dans une étude de phase II, l’activité de cette chimiothérapie dans les cancers épidermoïdes (cliquer ici) et cela spécialement chez les fumeurs actifs (cliquer ici).  

C’est à partir de ces résultats qu’a été conduite cette étude de phase III. Elle a été conçue avant que l’administration de l’immunochimiothérapie dans ces cancers ne soit autorisée. 

Pour être inclus dans cette étude, les patients devaient donc avoir un cancer épidermoïde de stade avancé ou métastatique, être âgés d’au moins de 18 ans et avoir un PS à 0 ou 1. Les auteurs ont pensé que certains malades atteints de cancer épidermoïde ont des caractéristiques moléculaires qui sont plus proches de celles des adénocarcinomes. S’appuyant sur des études antérieures (cliquer ici pour un accès gratuit), ils ont défini à partir d’un panel de tumeurs pulmonaires ce qu’ils considèrent comme les caractéristiques moléculaires des épidermoïdes qu’ils ont appelé LP52. Ceci leur a permis, dans un but exploratoire d'explorer les résultats de cet essai dans ce sous-groupe de patients. 

Cette étude randomisée de phase III a été conduite en double aveugle dans 218 sites de 37 pays entre 2014 et 2019. Les patients étaient randomisés sur un mode 1/1 pour recevoir en première ligne carboplatine et paclitaxel et soit Veliparib à 120 mg 2 fois par jour, soit placebo. 

L'objectif principal était la survie globale chez les fumeurs actuels. Les objectifs secondaires étaient la survie globale de l’ensemble de la population,  et la survie sans progression et le taux de réponse dans ces deux catégories  de patients.

Pour explorer l’objectif principal il fallait observer 400 décès chez les fumeurs et 667 dans la population totale. 

Au total, 970 patients ont été inclus et randomisés, 486 dans le bras placebo et 384 dans le bras Veliparib. Parmi ceux-ci, 82% étaient des hommes, leur âge médian était de 64 ans, les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. 

Les principaux résultats sont résumés sur le tableau ci-dessous : 

 

 

Veriparib

Placebo

p

Fumeurs (n=552)

Survie médiane (mois) (95%CI)

11,9 (10,5-13,5)

11,1 (9,6-12,6)

 

HR de survie(95%CI)

0,90 (0,74-1,10)

0,26

Ensemble des patients (n=970)

Survie médiane (mois) (95%CI)

12,2 (10,9-13,5)

11,2 (10,1-12,6)

 

HR de survie (95%CI)

0,85 (0,74-0,97)

0,032

PFS médiane (mois) 

5,6

5,6

 

HR de PFS (95%CI)

9,89 (0,77-1,03

0,10

LP52+ (n=202)

Survie médiane (mois) (95%CI)

14 (11,9-19,2)

9,6 (8,8-12,8)

 

HR de survie(95%CI)

0,66 (0,49-0,89)

 

LP52-  (n=158)   

Survie médiane (mois) (95%CI)

11 (8,2-14,7)

14,4 (10,6-17,5)

 

 

HR de survie(95%CI)

1,33 (0,95-1,86)

 

L'objectif principal n’était donc pas atteint puisqu‘il n’y avait pas de différence  significative de survie chez les fumeurs. Aucune différence en analyse en intention de traiter n’était observée non plus pour l’ensemble de la population ni pour la survie globale ni pour la survie sans progression. 

Des échantillons tumoraux n’étaient disponibles que chez 360 patients et les caractéristiques des patients LP52+ et LP52-  étaient globalement identiques. Chez les LP52+ le Veliparib était bénéfique tandis qu’une tendance inverse était observée chez les LP52-.  

Pratiquement toute la toxicité observée était liée à la chimiothérapie et il n’y avait pas d’excès de toxicité dans le bras expérimental. 

Ces conclusions ne permettent donc pas de démontrer l’intérêt du Veliparib en association avec la chimiothérapie  pour le  traitement des patients fumeurs atteints de cancers bronchiques non à petites cellules épidermoïde. Pour confirmer ou infirmer l’intérêt de la signature LP52 des études supplémentaires sont bien sur nécessaires . 

 

Reference

Veliparib in Combination With Platinum-Based Chemotherapy for First-Line Treatment of Advanced Squamous Cell Lung Cancer: A Randomized, Multicenter Phase III Study.

Ramalingam SS, Novello S, Guclu SZ, Bentsion D, Zvirbule Z, Szilasi M, Bernabe R, Syrigos K, Byers LA, Clingan P, Bar J, Vokes EE, Govindan R, Dunbar M, Ansell P, He L, Huang X, Sehgal V, Glasgow J, Bach BA, Mazieres J.

J Clin Oncol 2021. Online ahead of print.

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