Lung Cancer

Bevacizumab chez les malades de 65 ans et plus

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2014

Thérapeutique ciblée, Cancers du sujet âgé

Nous avons déjà mentionné à deux reprises sur ce site les résultats de l’étude ARIES (/prev-em-onco/2503, /cisplatine-et-irinotecan-en-induction-dune-chimioradiotherapie-dans-les-cancers) qui est une grande étude prospective non interventionnelle multicentrique menée aux USA de 2006 à 2009 et dans la quelle ont été inclus 1967 patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes et dont le traitement de première ligne comportait du bévacizumab. Cet observatoire permettait de mettre en évidence dans la « vraie vie » les mêmes résultats que dans l’étude clinique princeps de l’ECOG.

L’utilisation du bevacizumab reste controversée chez les sujets âgés (/valeur-predictive-de-rrm1-et-vinorelbine, /la-valeur-pronostique-et-predictive-de-lexpression-de-ercc1-non-confirmee), d’où cette nouvelle analyse rétrospective de cohorte (SEER-Medicare) qui a pour but d’apporter des données sur cette population de malades âgés (plus de 65 ans dans cette étude)  et traités entre 2006 et 2009 par carboplatine, paclitaxel et bevacizumab ou carboplatine, paclitaxel pour un cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïde étendu ou métastatique.

Au total 592 patients ont été traités par carboplatine, paclitaxel et bevacizumab et 1114 par carboplatine et paclitaxel. Les caractéristiques à l’inclusion principales des patients des deux groupes ne différaient pas significativement à l’exception de :

-       l’histologie (il y avait plus d’adénocarcinomes chez les patients qui ont reçu du bevacizumab)

-       du score  de comorbidité de Charlson (il y avait plus de score 0 chez les patients qui ont reçu du bevacizumab).

-       De l’amaigrissement (il y avait plus d’amaigrissements  chez les patients qui ont reçu un traitement sans bevacizumab).

-       Et des hémoptysies dites «majeures : 21% dans le groupe sans bevacizumab et tout de même 12% chez ceux qui ont reçu du bevacizumab.

Environ 60% des patients des 2 groupes avaient de 65 à 74 ans et les 40% restant 75 ans ou plus. La répartition par sexe, statut marital et distribution géographique n’était pas significativement différente. LE PS n’est pas connu.

Comme le montre le tableau ci dessous, les médianes de survie non ajustées ou ajustées étaient  significativement supérieures chez les patients qui ont reçu du bevacizumab. Ce bénéfice était significatif pour l’ensemble de la cohorte et pour les patients de 75 ans et plus à un an.  

 

Cohorte traitée par Bevacizumab, carboplatine et paclitaxel

Cohorte traitée par carboplatine et paclitaxel

p

Ensemble des patients

Médiane de survie (mois)

10,5

8,5

0,008

Survie à 1 an (%)

44

37

0,009

Survie à 2 ans (%)

18,4

19,6

 

Malades de 65 à 74 ans

Médiane de survie (mois)

10,8

9,3

0,018

Survie à 1 an (%)

45

39

0,1

Survie à 2 ans (%)

18

21

 

Malades de 75 ans et plus

Médiane de survie (mois)

10

7,3

0,019

Survie à 1 an (%)

43

34

0,03

Survie à 2 ans (%)

18

17

 

Le risque de décès ajusté ne différait néanmoins pas de façon significativement entre les deux cohortes mais différait pendant la première année, période où il y a le plus de décès.

Fait important, les patients de la cohorte recevant du bevacizumab étaient moins fréquemment et moins longtemps hospitalisés que ceux qui n’en recevaient pas.

 

Cette étude n’a pas le poids d’une étude randomisée. Ce ne sont pas exactement les mêmes malades dans les 2 cohortes et on sait bien qu’il est hasardeux de comparer 2 cohortes rétrospectivement  … Néanmoins il paraît au moins démontré que chez les malades  âgés et même chez ceux qui ont plus de 75 ans, l’administration de bevacizumab est faisable.

Pour le reste, cette étude rétrospective basée sur un registre ne permet ni de savoir comment sélectionner les patients ni d’affirmer une supériorité de cette triple association sur un traitement de référence par carboplatine et paclitaxel.

Reference

Comparison of survival and hospitalization rates between Medicare patients with advanced NSCLC treated with bevacizumab-carboplatin-paclitaxel and carboplatin-paclitaxel: A retrospective cohort study.

Langer C1, Ravelo A2, Hazard SJ2, Guerin A3, Ionescu-Ittu R3, Latremouille-Viau D3, Wu EQ4, Ramalingam S5.

Lung Cancer 2014; 86  : 350-7. 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer