Journal of Clinical Oncology

Chez les patients guéris d’un premier cancer, le risque de survenue d’un second peut-il être précisé ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2017

Imagerie : Radiologie, Chirurgie, Dépistage

Grâce à la mise en place en Amérique du Nord du dépistage scanographique du cancer broncho-pulmonaire qui réduit de 20% la mortalité spécifique, une importante augmentation du nombre de survivants est attendue pour 2022 :  aux USA ce nombre devrait passer nous disent les auteurs de cet article de 412 000 à plus de 500 000.

Toutefois on sait que l’incidence des seconds cancers broncho-pulmonaires primitifs est particulièrement élevée dans cette population et il va donc être important de dépister ces deuxièmes cancers.

Dans ce cadre, il pourrait être intéressant d’identifier les facteurs de risque de ces seconds cancers broncho-pulmonaires tout comme on cherche à mieux identifier ceux des fumeurs et anciens fumeurs que l’on souhaite dépister (cliquer ici).

C’est le but de l’étude que nous commentons ici et qui est destinée à évaluer, à partir des données de 20 032 malades de la base de données SEER qui ont survécu plus de 5 ans après un premier cancer broncho-pulmonaire, le risque de second cancer broncho-pulmonaire.

Trois facteurs sont prédictifs de second cancers broncho-pulmonaire : l’âge au moment du diagnostic de premier cancer, l’histologie et l’extension de la maladie

Alors que le risque médian de second cancer broncho-pulmonaire à 10 ans est de 8,3%, ce risque peut aller de 0,5% à 14,3% en fonction de ces variables :

  • il est plus élevé entre 60-64 ans  que chez les malades plus jeunes ou plus âgés,
  • il est plus élevé dans les cancers bronchiques à grandes cellules que dans les autres histologies,
  • et il est plus élevé chez les patients qui ont un cancer localisé que chez ceux dont le cancer dont l’extension régionale ou métastatique.

Cet axe de recherche est intéressant et cette étude est la première qui tente d’élaborer un modèle de prédiction du risque de deuxième cancer. Toutefois, il nous semble que 2 commentaires peuvent être faits :

  1. L’importance du tabagisme quotidien, cumulé, interrompu ou non,  est certainement très grande et malheureusement cette étude n’a pas permis de prendre en compte le tabagisme.  Il est probable qu’introduit dans un tel modèle, le tabagisme cumulé avant le premier cancer et la poursuite ou l’arrêt de celui-ci modifieraient considérablement ce risque. De plus, ne peut-on pas imaginer que les sujets les plus jeunes ont un risque de deuxième cancer plus faible simplement parce qu’ils ont un tabagisme cumulé plus faible ?  Il est donc certain que le tabagisme devrait être pris en compte dans des travaux ultérieurs et il est probable que les résultats de ces futurs travaux soient très différents de ceux que nous commentons.
  2. Un tel modèle nous parait moins utile que la recherche de facteurs prédictifs de cancer broncho-pulmonaire dans la population générale de fumeurs ou anciens fumeurs. En effet, d’après cette étude, dans une population de patients survivant d’un premier cancer on s’attend à trouver plus de 8% de seconds cancers broncho-pulmonaires, ce qui représente un taux de cancers supérieur à celui du dépistage des fumeurs ou anciens fumeurs.

Il parait donc pas possible pour l’instant de penser qu’il soit possible après 5 ans de ne surveiller par scanner que les patients à risque élevé et de cesser de surveiller les autres

Reference

Risk Stratification for Second Primary Lung Cancer.

Han SS, Rivera GA, Tammemägi MC, Plevritis SK, Gomez SL, Cheng I, Wakelee HA.

J Clin Oncol 2017; 35 : 2893-2899

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer