Thorax

Comment optimiser le rapport bénéfice/risque pour le dépistage du cancer du poumon ? Des données intéressantes provenant de l’étude NELSON

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2017

Dépistage

Parmi les essais randomisés qui concernent le dépistage scanographique du cancer broncho-pulmonaire, seul le NLST avait la puissance nécessaire, avec plus de 53 000 malades, pour démontrer une réduction de la mortalité spécifique par cancer broncho-pulmonaire de 20% et cet essai est positif (cliquer ici). Aucun autre essai n’a la puissance nécessaire pour confirmer une diminution de la mortalité spécifique, à l’exception de l’essai NELSON dont nous attendons les résultats et qui aura la puissance nécessaire à la démonstration éventuelle d’une réduction de la mortalité spécifique de 25%.

Cet essai a 4 différences avec le NLST : l’âge des sujets va de 50 à 74 ans, au lieu de 55 à 75, l’utilisation d’intervalles plus longs entre les derniers scanners de l’étude, la mesure volumétrique des nodules et son application à la gestion des «positifs» et l’absence d’examen dans le bras contrôle.

Dans cet essai, il y a 4 rounds dont l’intervalle augmente : à l’inclusion, puis 1 an plus tard, puis 2 ans après le 2éme, puis 2 ans ½ après le troisième,

Le but du travail qui est l’objet de cette publication est de savoir si les résultats des scanners des premiers rounds influent sur la probabilité de déceler un cancer dans les rounds suivants. Ce travail est dans la continuité d’une autre étude que nous avions commentée il y a un peu plus d’un an (cliquer ici).

Chaque scanner a été classé dans les 3 catégories utilisées dans cette étude :

  • négatif, pas de nodule, ou nodule dont le volume est inférieur à 50 mm3, ou nodule dont le volume a augmenté avec un temps de doublement de plus de 600 jours,
  • indéterminé : nodule récemment détecté dont le volume va de 50 à 500 mm3, ou nodule antérieurement détecté dont le temps de doublement va de 400 à 600 jours,
  • et positif : nodule récemment détecté dont le volume est supérieur à 500 mm3 ou antérieurement détecté dont le temps de doublement est inférieur à 400 jours.

En analyse uni et multivariée les résultats des premiers scanners et le tabagisme sont les deux facteurs significativement liés aux résultats du quatrième :  en effet, les participants qui ont au moins un résultat indéterminé mais jamais un résultat positif et ceux qui ont au moins un résultat positif ont un risque significativement plus élevé de recevoir un résultat positif au quatrième round que ceux dont les scanners ont toujours été négatifs. De plus, chez les patients dont tous les résultats étaient antérieurement négatifs, le risque de découvrir un cancer au quatrième round était dépendant du tabagisme.

Ces données sont très importantes pour définir le nombre de scanners qu’il faudrait utiliser, après les 3 premiers, dans un futur programme de dépistage. Les résultats des 3 premiers rounds et le tabagisme sont donc des facteurs à prendre en compte pour optimiser le rapport bénéfice/risque du dépistage par scanner faiblement dosé du cancer broncho-pulmonaire.   

 

 

Reference

Risk stratification based on screening history: the NELSON lung cancer screening study.

Yousaf-Khan U, van der Aalst C, de Jong PA, Heuvelmans M, Scholten E, Walter J, Nackaerts K, Groen H, Vliegenthart R, Ten Haaf K, Oudkerk M, de Koning H.

Thorax 2017; 72 : 819-824

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer