Journal of Thoracic Oncology

Cout/Efficacité du dépistage : une importante étude canadienne

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2017

Dépistage

L’étude NLST a démontré que le dépistage scanographique du cancer broncho-pulmonaire diminue de 20% la mortalité spécifique (cliquer ici) de sorte que de nombreuses recommandations ont été effectuées dans le monde dont celle de l’ U.S. Preventive Services Task Force qui recommandent que le dépistage ait lieu chez les fumeurs et anciens fumeurs de 55 à 80 ans qui ont fumé au moins 30 PA et qui, s’ils sont anciens fumeurs, ont interrompu leur tabagisme durant les 15 dernières années (cliquer ici pour un accès gratuit). 

En utilisant ces facteurs de risque tels qu’ils sont définis, plus de 8 millions d’américains sont éligibles au dépistage ce qui représente un coût très important. L’une des voies de recherches les plus intéressantes après cette étude du NLST serait de mieux sélectionner les sujets à risque et des études canadiennes notamment ont montré que grâce à un modèle de risque développé à partir du PLCO (cliquer ici) il était possible d’obtenir de meilleures sensibilité et spécificité et donc un meilleur rapport bénéfice/risque (cliquer ici).

Des études médico-économiques récentes suggèrent que ce dépistage effectué dans le cadre de l’étude NLST est cout-efficace, surtout chez les fumeurs (cliquer ici), mais ne peut-on pas améliorer ce rapport cout efficacité en sélectionnant mieux les sujets dépistés ? C’est la question que pose cette étude menée par de nombreux experts canadiens appartenant à plusieurs disciplines.  Dans cette étude, les sujets dépistés ont été sélectionnés à partir du modèle de risque PLC0m2009 qui est une première version du modèle PLCO m2012 utilisé par ces mêmes auteurs précédemment (cliquer ici). Il prend en compte un certain nombre de facteurs prédictifs du risque de cancer pulmonaire tels que l’âge, le niveau d’éducation, le tabagisme, une BPCO, des antécédents familiaux, le BMI.

A partir des données du NLST, les participants ont été séparés selon ce modèle PLC0m2009 en sujets à haut risque (>2% à 6 ans) et bas risque (<2% à 6 ans).

Ensuite des modèles de Markov ont été réalisés pour

  • les sujets à haut-risque ainsi définis dans le bras scanner,
  • les sujets à haut-risque dans le bras radiographie pulmonaire (qu’ils ont assimilés aux sujets non dépistés)
  • et les sujets à bas risque du bras radiographie pulmonaire.

Le calcul des coûts a été réalisé à partir des données de la PanCan study dans laquelle ces données ont été récemment prospectivement collectées.

Sur les 53 452 sujets que compte l’étude NLST, 49 775 (93,1%) avaient toutes les données nécessaires pour cette étude disponibles et étaient donc éligibles. Parmi ceux-ci, 19,7% avaient un risque calculé >2% à 6 ans. Le coût du dépistage chez les personnes à haut risque serait de 20 724 $ canadiens par année ajustée à la qualité de vie (QALY) ce qui conduirait à rendre ce dépistage cout-efficace selon les critères appliqués par beaucoup de pays qui considèrent la limite à 100 000 $ canadiens. L’arrêt du tabac dont on sait qu’il est plus probable chez les personnes soumises au dépistage du cancer broncho-pulmonaire, en favorisant également la réduction de la mortalité non liée au cancer broncho-pulmonaire (pathologie coronarienne par exemple), jouerait un rôle important dans ces résultats.

Cette étude se situe au sein d’une recherche clinique très active sur le dépistage du cancer broncho-pulmonaire à laquelle on ne peut que regretter que la France ne prenne qu’une part limitée.

 

 

Reference

The Cost-Effectiveness of High-Risk Lung Cancer Screening and Drivers of Program Efficiency.

Cressman S, Peacock SJ, Tammemägi MC, Evans WK, Leighl NB, Goffin JR, Tremblay A, Liu G, Manos D, MacEachern P, Bhatia R, Puksa S, Nicholas G, McWilliams A, Mayo JR, Yee J, English JC, Pataky R, McPherson E, Atkar-Khattra S, Johnston MR, Schmidt H, Shepherd FA, Soghrati K, Amjadi K, Burrowes P, Couture C, Sekhon HS, Yasufuku K, Goss G, Ionescu DN, Hwang DM, Martel S, Sin DD, Tan WC, Urbanski S, Xu Z, Tsao MS, Lam S.

J Thorac Oncol. 2017; 12 : 1210-1222

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer