Journal of Thoracic Oncology

Dabrafenib et Trametinib chez les patients qui ont une mutation BRAF V600E : de nouveaux résultats à 5 ans

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2021

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

La présence de mutations BRAF est notée dans 1 à 5% des cancers bronchiques non à petites cellules et les mutation BRAF V600E, qui sont prédictives d’une mauvaise réponse à la chimiothérapie,  représentent la moitié de celles-ci. Il a été montré récemment dans une étude à promotion industrielle qu’un traitement par dabrafenib, un inhibiteur sélectif de BRAF,  seul (cliquer ici) et surtout associé à un inhibiteur de MEK le trametinib (cliquer ici)  était susceptible d’entrainer des taux de réponse, une survie sans progression et une survie élevés. Mais qu’en est-il du suivi à long terme de ces patients ? 

C’est la question à laquelle répond ce travail dont l’objectif est de rapporter les taux et durée de réponse, la survie sans progression, la survie et la toxicité observés chez des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules avec mutation BRAF-V600E, prétraités ou non,  qui ont reçu dabrafenib plus trametinib avec un suivi minimum de 5 ans.

Pour être inclus dans cette étude de phase II non randomisée les patients devaient être atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules de stade IV avec une mutation BRAF V600E,  avec des lésions mesurables et  un PS ≤2. Les patients qui avaient progressé après au moins un cycle de chimiothérapie (≤3) étaient inclus dans la cohorte B et les patients qui n’avaient reçu aucun traitement anticancéreux dans la cohorte C. Ils étaient traités par dabrafenib à 150 mg 2 fois par jour et trametinib à 2 mg 1 fois par jour par voie orale  jusqu’à progression, toxicité inacceptable ou décès. L'objectif principal était le taux de réponse apprécié par les investigateurs. La nouvelle date de point était le 24 février 2021 où l’on disposait d’un suivi d’au moins 5 ans. 

Du fait d’une erreur de répartition dans les cohortes, c’est finalement 57 patients qui ont été été inclus dans la cohorte B et 36 dans la C. 

Les taux de réponse et de stabilité étaient :

  • Dans la cohorte B de 68,4% de réponses, dont 5% de réponses complètes, et 12% de stabilités.
  • Dans la cohorte C de 63,9% de réponses, dont 6% de réponses complètes et 11% de stabilités.  

Avec un suivi médian de 16,6 et 16,3 mois dans les deux cohortes, il n’y avait pas de modification de la survie sans progression qui était de 10,2 et 10,8 mois dans les 2 cohortes. Le tableau ci-dessous indique les nouvelles données de survie :  

 

Cohorte B (prétraités)

Cohorte C (non prétraités)

Durée médiane de survie (95 % CI) (mois) :

18,2 (14,3-28,6)

17,3 (12,3-40,2)

Taux de survie à 4 ans (%)

26

34

Taux de survie à 5 ans (%)

19

22

Les principaux effets adverses liés ou non au traitement étaient pour tous les grades la fièvre (56%), les nausées (51%), les vomissements (41%), la sécheresse cutanée  (39%), les oedémes (38%), la diarrhée (37%), l’anorexie (33%), et la toux (31%). L’ hypertension, l’hyponatrémie, la neutropénie, la fièvre, la dyspnée, l’anémie, et l’augmentation des transaminases représentaient les effets adverses de grade ≥3 survenus chez au moins 5% des patients. 

On retiendra enfin que, dans une analyse exploratoire, les patients qui avaient une autre mutation (22%) avaient une survie médiane inférieure (5,4 vs 22,7 mois).  

Cette nouvelle publication confirme que l’association dabrafenib et trametinib est susceptible d’entrainer des survies prolongées à 5 ans chez 1 malade sur 5 atteint de cancer bronchique non à petites cellules métastatique présentant une mutation BRAF V600E. Ces résultats justifient pleinement la recherche systématique de cette mutation chez tous nos malades. 

Reference

Planchard D, Besse B, Groen HJM, Hashemi SMS, Mazieres J, Kim TM, Quoix E, Souquet P-J, Barlesi F, Baik C, Villaruz LC, Kelly RJ, Zhang S, Tan M, Gasal E, Santarpia L, Johnson BE, 

Phase 2 study of dabrafenib plus trametinib in patients with BRAF V600E-mutant metastatic non-small cell lung cancer: Updated 5-year survival rates and genomic analysis, 

Journal of Thoracic Oncology  August 2021 Online ahead of print.

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