Lung Cancer

Dépistage du cancer broncho-pulmonaire en Angleterre : l’analyse poolée de 5 études confirme les résultats des essais randomisés

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2021

Dépistage

Alors que le dépistage du cancer du poumon est maintenant mis en œuvre aux USA, au Canada et dans certains pays asiatiques, il tarde à être proposé aux grands fumeurs européens. Seule l’Angleterre en Europe a financé des programmes de dépistage pour 71 millions £ dans plusieurs régions du pays. Les objectifs de ces programmes ne sont pas bien sûr de refaire la démonstration de l’intérêt du dépistage, puisqu’elle est faite depuis longtemps maintenant, mais de quantifier et mieux préciser  les inconvénients de ce dépistage tels que le surdiagnostic, les effets psychologiques, l’exposition aux radiations, et les taux de faux positifs ou faux négatifs.  

Le travail présenté ici analyse les résultats combinés de 5 programmes anglais :

  • deux essais randomisés,  
    • l’UK lung cancer screening (UKLS) LS qui a effectué 1994 dépistages de 2011 à 2014, 
    • et le Lung Screen Uptake Trial (LSUT) qui a effectué 770 dépistages de 2015 à 2017.
  • Et 3 études observationnelles menées à Nottingham (n=361), Manchester (n=1384)  et Liverpool (n=6639) entre 2016 et 2020.   

Pour tous ces programmes, un seul dépistage initial a été réalisé à l’exception de celui de Manchester qui a comporté deux rounds. Dans tous ces programmes, comme dans l’étude NELSON, les résultats du dépistage ont été rendus comme « positifs », « indéterminés »  ou « négatifs ». Les nodules étaient explorés selon les règles de la British Thoracic Society dans tous ces programmes à l’exception de l’UKLS qui avait des règles propres. 

Ce sont au total 11 148 individus qui ont bénéficié d’un scanner initial de dépistage et qui ont été inclus dans l’analyse. Parmi ceux-ci :

  • 9440 (84,7%) ont été considérés comme négatifs,
  • 1239 (11,1%) comme intermédiaires nécessitant une imagerie ultérieure et 
  • 469 (4,2%) comme positifs. 

Au total 250 personnes (48,8% de femmes) ont eu un cancer broncho-pulmonaire dépisté dans l’un de ces programmes ce qui représente une prévalence de 2,2%. La distribution par stades de ces cancers était de 64 % pour les cancers de stade I, 17,2 % pour ceux de stade II, 10,8 % pour les cancer de stade III et 8 % pour ceux de stade IV. Une intervention chirurgicale a été réalisée chez 66 % des patients. La mortalité post-chirurgicale observée à 90 jours chez ces derniers était de 1,2 %.

Parmi les patients dont le résultat était considéré comme positif, 53,3 % ont eu un diagnostic de cancer. Ainsi le taux de faux positifs était de 2 %. Le taux d’investigations invasives chez les faux positifs en en dehors de la chirurgie était de 0,6% sans complication ni décès. Huit des 173 (4,6%) interventions chirurgicales ont été réalisées pour des lésions bénignes c'est à dire 0,07% de l’ensemble de la population dépistée. Aucune complication majeure et aucun décès n’a été observé dans ces interventions pour lésions bénignes. Deux graphiques particulièrement bien faits illustrent ces résultats. 

Ces données anglaises qui portent sur plus de 11 000 sujets sont parfaitement comparables aux résultats des grands essais publiés. Le dépistage par scanner faiblement dosé du cancer du poumon a un taux modéré de faux positifs et ceux-ci ne génèrent ni examens invasifs, ni interventions inutiles, ni complications graves des explorations effectuées. Ce sont des résultats observés en Europe qui rejoignent ceux observés en France dans  l’étude KBP80 (cliquer ici). Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que notre pays se décide enfin à faire bénéficier les grands fumeurs et anciens grands fumeurs de notre pays de ce dépistage ? 

Reference


Analysis of the baseline performance of five UK lung cancer screening programmes.

Balata H, Ruparel M, O'Dowd E, Ledson M, Field JK, Duffy SW, Quaife SL, Sharman A, Janes S, Baldwin D, Booton R, Crosbie PAJ.

Lung Cancer 2021;161 : 136-140

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer