Thorax

Dépistage du cancer du poumon dans l’étude pilote à Manchester : voici les résultats du second round.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2019

Dépistage

 

Il y a quelques mois, nous commentions ici les premiers résultats du programme de dépistage, réalisé dans les zones défavorisées de Manchester. Ce programme avait été conçu de façon originale, en intégrant le dépistage dans le cadre d’un examen de santé centré sur le poumon destiné aux fumeurs de 55 à 75 ans.  Au cours de cet examen, le risque de cancer du poumon était calculé selon le modèle PLCOM2012 et il était proposé aux personnes qui avaient un risque de cancer du poumon élevé de participer à un programme comprenant deux rounds de dépistage par scanner faiblement dosé. Les résultats du premier round (T0) effectué chez 1429 fumeur ou anciens fumeurs étaient détaillés dans cette première publication (cliquer ici)

Ce sont maintenant les résultats du deuxième round qui sont publiés dans ce numéro de Thorax du mois d’août. 

Parmi les 1323 personnes qui étaient éligibles à ce deuxième scanner, 1194 (90%) ont eu le scanner du deuxième round (T1). Les 129 qui n’ont pas participé étaient significativement plus fumeur qu’anciens fumeurs mais il n’y avait pas de différence concernant le niveau d’éducation ou le niveau social (index de déprivation). 

Parmi les 1194 scanners réalisés :

  • 1099 (92%) étaient négatifs,
  • 24 (2%) étaient positifs
  • Et 71 (6%) étaient intermédiaires dont 69 ont eu un nouveau scanner à 3 mois :
    • 6 étaient positifs 
    • Et 63 étaient négatifs. 

Parmi les 30 positifs, 29 ont été explorés (et un a refusé de l’être) : 19 (1,6%) avaient un cancer. 

Ainsi le taux de faux positif représentait 34,5% des positifs et 0,8% de l’ensemble des participants. Ce taux était significativement plus bas que celui qui avait été observé à T0. 

Il n’y a eu aucun cancer de l’intervalle. 

Plus des ¾ des 19 cancers observés à T1 (79%) étaient de stade I.

Enfin, au cours des 2 rounds une seule résection pour une pathologie bénigne a été effectuée. 

Voici une nouvelle étude réalisée en Europe qui démontre que le dépistage du cancer du poumon est faisable. Ici encore les ¾ de cancers dépistés sont au stade I,  alors que ce pourcentage de cancers représente en général moins du quart des nouveaux cancers qui sont diagnostiqués en dehors du dépistage. Ici encore il est démontré que les taux de faux positifs et de gestes invasifs inutiles sont extrêmement faibles.  Ces résultats sont obtenus en Angleterre dans une population de fumeurs et d’anciens fumeurs proche de la population française. Ces résultats sont très comparables à ceux de l’étude française qu’a conduite dans la Somme Olivier Leleu (cliquer ici). Lorsqu’on voit la profusion des études réalisées sur le dépistage dans le monde, on se demande toujours  combien de temps il faudra attendre encore pour que ce dépistage soit mis en place  dans notre pays ? 

 

Reference

Second round results from the Manchester 'Lung Health Check' community-based targeted lungcancer screening pilot.

Crosbie PA, Balata H, Evison M, Atack M, Bayliss-Brideaux V, Colligan D, Duerden R, Eaglesfield J, Edwards T, Elton P, Foster J, Greaves M, Hayler G, Higgins C, Howells J, Irion K, Karunaratne D, Kelly J, King Z, Lyons J, Manson S, Mellor S, Miller D, Myerscough A, Newton T, O'Leary M, Pearson R, Pickford J, Sawyer R, Screaton NJ, Sharman A, Simmons M, Smith E, Taylor B, Taylor S, Walsham A, Watts A, Whittaker J, Yarnell L, Threlfall A, Barber PV, Tonge J, Booton R.

Thorax 2019; 74 : 700-704

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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