Lancet oncology

Dépistage : les cancers de l’intervalle dans l’étude NELSON

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2014

Dépistage, Diagnostic précoce

Les internautes qui vont régulièrement sur ce site connaissent bien la littérature récente concernant le dépistage du cancer du poumon puisque nous avons analysé depuis sa création 109 articles sur ce sujet.

Les résultats de l’étude Nelson sont toujours attendus mais des informations concernant cette étude dont le recrutement est achevé nous parviennent toujours régulièrement.

Celle ci, qui est la deuxième en nombre de sujets inclus, se distingue de l’étude princeps NLST (www.biblio.ifct.fr/?q=node/2164)sur plusieurs points rappelés ci dessous :

 

NLST

NELSON

Effectifs

53 454

15 822

Dates de recrutement

2002-2004

2003-2006

Age des participants

55-75

50-75

Tabagisme

30 PA

Arrêt inférieur 15 ans

≥15 cig/jour, 25 ans

≥10 cig/jour, 30 ans

Dates des scanners de dépistage (ans)

0, 1 et 2

0, 1, 3, 5 et demi

Objectif principal

Réduction de la mortalité spécifique ≥20%

Réduction de la mortalité spécifique ≥25%

Gestion des positifs

Liberté des investigateurs

Règles précises basées sur la mesure volumétrique

L’article publié cette semaine est centré sur les « cancers de l'intervalle » dans l’étude NELSON, c'est-à-dire les cancers qui sont survenus en dehors des examens de dépistage, qui ont donc été diagnostiqués après un test négatif. Ces cancers ont été retrouvés à partir du registre hollandais des cancers.

Cette analyse prévue initialement a pour but de déterminer la fréquence de ces cancers et de déterminer les performances diagnostiques du dépistage scanographique. Les objectifs secondaires étaient de préciser les types histologiques de ces cancers et les raisons de leur échappement au dépistage scanographique. Cette étude de limite aux 3 premiers rounds suivis d’une surveillance de 2 ans. Elle se limite également aux sujets du bras scanner et elle exclue les participants de Belgique (car les données du registre des cancers n’étaient pas utilisables) et ceux qui, bien que randomisés ,n’ont pas eu de scanners (n=7155).

Le tableau ci dessous indique le nombre de cancers dépistés et de cancer de l’intervalle. A noter que le round 3 est séparé de deux ans du deuxième et qu’il y a un suivi de 2 ans après ce round 3.

 

Round 1

Round 2

Round 3

Total

Cancers dépistés

66

56

74

196

 

1ére année

1ére année

2éme année

1ére année

2éme année

 

Cancers de l’intervalle à 1 et 2 ans

5

7

12

7

4

35

Pour ces trois rounds suivis de deux ans de surveillance, la sensibilité était de 84,6 %, la spécificité de 98,6 %, la VPP de 40,4 %,  et la VPN de 99,8%.

Les scanners de dépistage précédant la découverte de ces cancers de l’intervalle ont été l’objet d’une relecture. Le cancer n’existait pas sur le scanner précédent dans seulement un tiers des cas. Dans les 2/3 restants une anomalie suspecte avait échappé à la lecture du scanner. Il s’agissait par exemple de lésion proche de la plèvre ou de bulles  d’emphysèmes ou associées à des images interstitielles. Il pouvait aussi s’agir d’images détectées mais non diagnostiquées du fait d’un manque de compliance du patient.

Les caractéristiques des cancers dépistés différaient considérablement de celles des cancers de l’intervalle, en ce qui concerne le stade et l’histologie,  comme on le voit sur le tableau suivant :

 

Cancers dépistés

Cancers de l’intervalle

Nombre

196

35

Stades

Stade Ia (%)

130 (66)

3 (9)

Stade IV (%)

9 (5)

24 (69)

Histologie

Cancers bronchiques à petites cellules (%)

8 (4)

7 (2O)

Adénocarcinomes[1] (%)

102 (52)

9 (26)

Ce travail donne de multiples et intéressantes informations. Il apporte pour la première fois des informations sur les raisons qui ont conduit à ce que ces cancers ont échappé aux scanners de dépistage. Il montre aussi que ces cancers sont peu nombreux. Il souligne enfin que ces cancers sont plus souvent étendus et agressifs.

Il est notamment rassurant de constater que seulement 3 des 133 cancers de stade IA ont été dépistés et que 24 des 35 cancers de l’intervalle étaient des cancers métastatiques dont le dépistage n’aurait pas été de grande utilité.



[1] Sans compter les bronchioloalvéolaires.

Reference

Detection of lung cancer through low-dose CT screening (NELSON): a prespecified analysis of screening test performance and interval cancers.

Horeweg N1, Th Scholten E2, de Jong PA3, van der Aalst CM4, Weenink C5, Lammers JW6, Nackaerts K7, Vliegenthart R8, Ten Haaf K4, Yousaf-Khan UA4, Heuvelmans MA8, Thunnissen E9, Oudkerk M8, Mali W3, de Koning HJ4.

Lancet Oncol. 2014 Oct 1 [Epub ahead of print]

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