Cancer

En neuroradiologie, la relecture d’IRM ou de scanners par des radiologues spécialisés est souvent utile au malade.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2016

Imagerie : Radiologie

Les malades atteints de cancer sont fréquemment explorés par des scanners  ou des IRM de l’encéphale ou du rachis lors du bilan initial ou du suivi de leur cancer et les résultats de ces examens ont souvent d’importantes conséquences.

Parfois ces examens sont effectués dans des centres non spécialisés et secondairement réinterprétés par des neuroradiologues et on peut se demander quel est l’impact de cette relecture. C’est la question que pose cette étude rétrospective menée au Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York.

Méthodologie

Les patients inclus devaient avoir d’une part un cancer prouvé et d’autre part un scanner ou une IRM interprétés dans une autre institution et ayant fait l’objet d’une relecture dans ce centre pendant une période de 6 mois et l’accès aux données évolutives était nécessaire. Au total 283 paires de comptes rendus  ont été éligibles pour cette étude.

Ces comptes rendus  ont, dans un premier temps, été revus par deux radiologues qualifiés en neuroradiologie qui n’interprétaient pas les images. Ils séparaient simplement ceux pour lesquels il existait un consensus dans l’interprétation et ceux pour lesquels il n’existait pas de consensus.

Quand il y avait divergence d’interprétation, 3 médecins expérimentés de neurologie, pédiatrie et neurochirurgie revoyaient les comptes rendus (toujours sans voir les images) en fonction de leur expérience et identifiaient ceux pour lesquels ces différences étaient « cliniquement importantes » c’est à dire étaient susceptibles de modifier :

  • le stade de la maladie,
  • l’approche thérapeutique,
  • ou le conseil donné au malade.

Dans ces cas, la seconde opinion était confrontée aux données cliniques, anatomopathologiques et évolutives.

Résultats

Au total, 252 patients ayant 283 examens effectués dans 154 différentes institutions ont été inclus. Les examens les plus fréquemment réalisés étaient les IRM du rachis (n=104) ou du cerveau (n=99). Seulement 21% des examens étaient des scanners.

Sur ces 283 examens, des discordances entre le premier et le second compte rendu ont été notées 55 fois c’est à dire dans 19% des cas, 87% concernaient des IRM et 13% des scanners. Pour 42 de ces 55 cas, les différences ont été jugées comme « cliniquement importantes » selon les critères ci-dessus. Les caractéristiques cliniques de ces patients (le quart d’entre eux avaient un cancer du poumon) les motifs des examens et ces modifications importantes elles mêmes sont détaillées sur 3 tableaux très complets.

On notera en particulier que dans 11 de ces 42 cas des anomalies considérées comme malignes à la première lecture étaient réinterprétées comme bénignes et que dans 26 cas la présence de métastases ou d’augmentation de taille n’avaient pas été signalées à la première lecture.

Pour 35 de ces 42 malades les données de suivi ont permis d’affirmer que la relecture était exacte dans tous les cas.  Les sept autres patients soit sont décédés rapidement, soit ont été perdus de vue de sorte que la pertinence du deuxième compte rendu n’a pu être évaluée.

Cette étude démontre, avec une très bonne méthodologie,  que la relecture par des radiologues spécialisés des scanners ou des IRM du cerveau ou du rachis modifie la décision thérapeutique de façon utile au malade dans un nombre de cas qui est loin d’être négligeable. Ces conclusions s’appliquent à la neuroradiologie mais il est probable qu’on retrouve les mêmes conclusions en radiologie digestive ou thoracique.

Il est clair que tous les examens ne peuvent pas être systématiquement relus mais il nous semble que cette relecture doive être envisagée chaque fois que les conclusions d’un examen d’imagerie sont susceptibles à elles seules de modifier radicalement la prise en charge d’un malade. La prise en charge du cancer reste plus que jamais multidisciplinaire. 

Reference

Second-opinion interpretations of neuroimaging studies by oncologic neuroradiologists can help reduce errors in cancer care.

Hatzoglou V, Omuro AM, Haque S, Khakoo Y, Ganly I, Oh JH, Shukla-Dave A, Fatovic R, Gaal J, Holodny AI.

Cancer 2016; 122 : 2708-14

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer