European Respiratory Journal

Encore un article sur la valeur pronostique de la nouvelle classification TNM des adénocarcinomes

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2014

Traitement des stades IV, Anatomo-pathologie

Cet article est le troisième que nous analysons sur ce site en quelques jours qui traite de la valeur pronostique de la nouvelle classification TNM des adénocarcinomes (/des-resultats-4-ans-concernant-letude-de-depistage-italung, /peut-se-contenter-de-lechoendoscopie-bronchique-pour-preciser-le-type-exact-de-cancer).

Méthodes

Il s’agit là d’une étude mexicaine rétrospective monocentrique qui porte sur 257 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade IIIB et IV traités dans ce centre de 2007 à 2010. Toutes les biopsies proviennent de biopsies sous scanner et ont été relues par des pathologistes qui n’avaient pas connaissance des données cliniques et évolutives.

Malades

Près de 60% étaient des femmes, la moitié d’entre eux étaient fumeurs et plus de 40% avaient été exposés à la fumée de bois. Quatre patients sur 5 avaient un cancer de stade IV.

La répartition histologique est indiquée dans le tableau ci-dessous. La répartition en deux grands groupes a été réalisée comme dans l ‘étude de Hung et al, mais avec une répartition différente concernant les papillaires ici classés dans les cancers de haut grade alors que dans l’étude précédente ils étaient classés parmi les cancers de « bas grade ».

 

%

Groupes

%

Prédominance lepidique :

7,4

Grade intermédiaire

52,1

Prédominance acineuse :

44,7

Prédominance papillaire :

10 ,1

Cancers de haut grade

47,8

Prédominance micropapillaire :

3,5

Prédominance solide :

34,2

Les caractéristiques cliniques ne différaient pas entre les groupes. Néanmoins les cancers de haut grade avaient davantage  de métastases ganglionnaires et de douleurs thoraciques.

Des mutations EGFR ont été détectées chez près de 42 % des patients. Elles étaient plus fréquentes chez les femmes, les non-fumeurs, et les patients exposés à la fumée de bois. Les mutations n’étaient pas associées avec un sous-groupe de la nouvelle classification. Quatre-vingt % d’entre elles étaient des mutations communes. Celles-ci étaient plus fréquentes dans les cancers à prédominance lepidique ou acineuse.

Tous les patients ont été traités par une bithérapie à base de platine en première ligne et seulement 16% ont été traités par inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR.

Résultats

De façon intéressante,

-       les taux de réponse à la chimiothérapie à base de platine étaient significativement plus élevés dans le groupe de haut grade que dans celui de grade intermédiaire (36,9 vs 24,4%).

-       Il en était de même de la survie sans progression  médiane (6,4 vs 5,5 mois).

-       Et enfin il en était de même de la survie globale (20,7 vs 16, 8 mois).

 

Cette étude conclue que les données pronostiques de la nouvelle classification TNM qui concernaient les formes opérées  ne peuvent pas s’appliquer aux formes métastatiques. Elle est en ce point en contradiction avec l’étude australienne de Clay et al citée récemment sur ce site (/des-resultats-4-ans-concernant-letude-de-depistage-italung). Cette dernière néanmoins comportait moins de malades et si elle ne portait également que sur des formes étendues, leur recrutement était enfin particulier puisque toutes les biopsies étaient d’origine chirurgicale.

L’étude que nous rapportons aujourd’hui a aussi un recrutement inhabituel sur au moins deux points : toutes les biopsies ont été réalisées sous scanner par Tru-Cut (il s’agissait donc probablement de formes périphériques) et tous les patients ont reçu une première ligne de chimiothérapie à base de cisplatine (il s’agissait donc de patients en bon état général). Elle est aussi particulière par le fait que, alors qu’il y avait près de 42% des patients qui avaient une mutation EGFR, seulement 16% ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR. Enfin le taux d’exposition à la fumée de bois est aussi inhabituel.

Ces particularités sont importantes mais les résultats de cette étude, s’ils demandent à être confirmés dans des groupes de malades plus conforme au recrutement habituel n’en gardent pas moins un grand intérêt. 

Reference

Relevance of the novel IASLC/ATS/ERS classification of lung adenocarcinoma in advanced disease.

Campos-Parra AD1, Avilés A, Contreras-Reyes S, Rojas-Marín CE, Sánchez-Reyes R, Borbolla-Escoboza RJ, Arrieta O.

Eur Respir J 2014; 43 : 1439-47.

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