Chest

Faut-il élargir les indications du dépistage du cancer broncho-pulmonaire ? Non

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2018

Dépistage

Cet article est le deuxième  d’une controverse sur l’élargissement des critères d’éligibilité pour le dépistage du cancer broncho-pulmonaire (cliquer ici).

L’auteur de cet article développe son argumentation en deux parties.

Dans une première partie, il développe de façon détaillée les inconvénients du dépistage notamment :

  • Le nombre de positifs dont il dit que, si certains sont surveillés,  d’autres sont  explorés de façon invasive et notamment opérés avec tous les risques que cela comporte.
  • Le nombre élevé de cancers sur-diagnostiqués.

Ensuite il explique que la volonté d’élargir les critères est liée à celle de faire bénéficier de ce dépistage plus de personnes mais que changer ces critères revient à recalculer le rapport bénéfice-risque. Or, si on dispose de plusieurs modèles de risque, on ne dispose pas de beaucoup de données en vie réelle. Par exemple si on connait le risque des investigations invasives sur la population du NLST on ne connait pas celui de ces mêmes investigations chez des patients qui ont une BPCO. 

Alors que devons nous penser de ce débat qui parait un peu surréaliste en France où la controverse n’est pas de savoir si on peut-on élargir les critères vers d’autres populations que celle du NLST mais de se demander encore si on doit dépister le cancer broncho-pulmonaire chez les personnes qui ont les critères du NLST… 

Effectivement il parait logique de chercher à faire profiter le maximum de fumeurs et d’anciens fumeurs d’un dépistage susceptible de sauver un nombre élevé de vies chaque année. En revanche il est tout à fait exact qu’on ne dispose actuellement d’aucune donnée pour élargir, avec un bon niveau de preuve, le dépistage du cancer broncho-pulmonaire à d’autres populations parce que nous ne connaissons pas le rapport bénéfice-risque du dépistage pour ces populations. Il parait aussi un peu hasardeux de se contenter d’estimer approximativement un risque  car les erreurs de ces estimations peuvent conduire à de grandes variations dans les résultats du dépistage concernant à la fois les bénéfices et inconvénients  comme le montre le tableau ci-dessous (réalisé d’après de Ten Haaf et de Koning J Thorac Oncol 2015; 10 : 1285-91) (cliquer ici).

 

N cancers évités

/100000

Années de vie 

pour /100000

Dépistages pour 1 année de vie gagnée

Dépistages pour 1 décès par K évité

Cancers surdiagnostiqués

(% des cancers)

Critères de l’USPSTF

4305

51035

30

353

8,4

NF

354

3699

594

6192

9,5

NF à risque X2

706

7332

296

3075

9,6

NF à risque X5

1764

18359

117

1216

9,6

NF à risque X10

3541

36809

57

593

9,6

NF à risque X15

5322

55247

37

387

9,6

Il est en tout cas certain que la réponse à ces questions passe par la poursuite d’une  recherche clinique active destinée à valider les modèles de risque qui nous sont proposés. 

 

 

 

 

 

 

 

 

Reference

COUNTERPOINT: Should Lung Cancer Screening Be Expanded to Persons Who Don't CurrentlyMeet Accepted Criteria Set Forth by the CHEST Guidelines on Lung Cancer Screening? No.

Mazzone PJ.

Chest2018; 153 : 1303-1305

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