Thorax

La faisabilité du dépistage par scanner du cancer broncho-pulmonaire en Angleterre est démontrée.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2016

Dépistage, Aspects médico-économiques

UK Lung Cancer Screening (UKLS) est une étude randomisée comparant la réalisation d’un scanner faible dosée à des soins standard pour le dépistage du cancer broncho-pulmonaire. Cette étude devait inclure 32 000 personnes mais elle n’a pas été financée et seulement une étude pilote comportant un seul scanner dans le bras expérimental a pu être réalisée. Ses résultats sont rapportés ici.

Cette étude de faisabilité avait trois buts :

  • démontrer l’efficacité d’un modèle de calcul de risque,
  • évaluer un modèle de surveillance volumétrique des nodules proche de celui du NELSON,
  • et déterminer le rapport coût/efficacité du dépistage en Angleterre.

La grande particularité de cette étude par rapport aux autres études régulièrement commentées sur ce site est que les critères de  recrutement n’étaient pas basés uniquement sur l’âge et le tabagisme comme dans les autres études. Un risque de cancer broncho-pulmonaire était calculé à partir du Liverpool Lung Project (LLP) risk model qui prend en compte aussi les antécédents pneumologiques (BPCO, emphysème, tuberculose etc…), les risques professionnels, les antécédents personnels ou familiaux de cancer (et notamment de cancer broncho-pulmonaire). Ainsi les candidats au dépistage devaient répondre à un questionnaire permettant d’évaluer un risque individuel de cancer broncho-pulmonaire à 5 ans. Les personnes de 70 à 75 ans ayant  un risque ≥5 étaient candidats à l’inclusion.

Un questionnaire à près de 250 000 personnes (cliquer ici) a été envoyé puis un second aux personnes à haut risque pour leur proposer de participer.

Les scanners étaient lus par deux radiologues qui devaient identifier tous les nodules de plus de 15 mm3 de volume ou 3 mm de diamètre. Ceux-ci étaient classés en 4 catégories :

  • catégorie 1, nodules jugés bénins : aucune mesure,
  • catégorie 2, nodules jugés probablement bénins : scanner à 1 an,
  • catégorie 3, nodule potentiellement malin : scanner à 3 et 12 mois,
  • catégorie 4, forte chance de malignité : prise en charge multidisciplinaire.

Au total 8728 personnes ont été classées comme à haut risque et finalement 4061 ont accepté de participer et ont été éligibles.  Finalement 2028 et 2027  ont été randomisés.

La moitié des sujets avaient des nodules des catégories 2 à 4 :

  • 24% étaient de catégorie 2, 7 ont été l’objet d’une prise en charge multidisciplinaire et  1 seul (0,2%) avait un cancer,
  • 23,7% étaient de catégorie 3, 43 ont été l’objet d’une prise en charge multidisciplinaire et 9 (1,9%) avaient un cancer,
  • Enfin 64 participants avaient des nodules de catégorie 4 , tous ont été l’objet d’une prise en charge multidisciplinaire et  32 (50%) avaient un cancer,

En tout, près de 50% des sujets ont eu au moins un scanner de suivi, 5,7% ont été adressés pour une prise en charge multidisciplinaire et 2,1%  avaient finalement un cancer. Parmi ces cancers 85% étaient de stade I ou II.

Quatre patients ont eu une résection pour une lésion bénigne.

Le coût estimé en QALY était de 8466 livres comparable au coût estimé du NLST (cliquer ici)

Cette étude n’avait pas la puissance suffisante pour montrer un impact sur la survie et elle ne comportait qu’un seul scanner. Elle apporte toutefois des données intéressantes sur la faisabilité du dépistage organisé en Europe dont on voit qu’elle est bonne. La sélection des candidats au dépistage par un calcul de risque est une approche particulièrement séduisante et on voit ici qu’elle est efficace. De toutes les études, UKLS est celle qui a le plus haut taux de dépistage de cancers de stades précoce.

 

Reference

UK Lung Cancer RCT Pilot Screening Trial: baseline findings from the screening arm provide evidence for the potential implementation of lung cancer screening.

Field JK, Duffy SW, Baldwin DR, Whynes DK, Devaraj A, Brain KE, Eisen T, Gosney J, Green BA, Holemans JA, Kavanagh T, Kerr KM, Ledson M, Lifford KJ, McRonald FE, Nair A, Page RD, Parmar MK, Rassl DM, Rintoul RC, Screaton NJ, Wald NJ, Weller D, Williamson PR, Yadegarfar G, Hansell DM.

Thorax 2016; 71 : 161-70.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer