Journal of Thoracic Oncology

La recherche de composés volatiles organiques par le nez électronique pourrait-elle un jour être utilisée pour le dépistage du cancer du poumon ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2018

Dépistage

Bien qu’il ait été démontré depuis maintenant 7 ans que le dépistage scanographique du cancer broncho-pulmonaire par scanner faiblement dosé diminue de 6,7% la mortalité  des fumeurs d’au moins 30 PA et diminue la mortalité par cancer du poumon de 20% (cliquer ici) et bien que de nombreuses sociétés et de nombreux experts tant en Amérique qu’en Europe se soient prononcés pour l’implantation de ce dépistage, celui-ci tarde à se mettre en place. 

Parallèlement, la poursuite d’une recherche clinique très active est menée dans beaucoup de pays tandis que d’autres refusent de la financer comme s’ils continuaient à ignorer que cette maladie cause 9% des décès par cancer dans le monde et que ses formes précoces sont curables dans plus de 90% des cas. Rien que sur ce site, nous avons commenté depuis sa création 170 articles qui portent sur ce dépistage. 

Voici une étude qui porte sur une tentative de diagnostic précoce par le nez électronique. Cette technique a été déjà beaucoup utilisée pour rechercher des composés volatiles organiques dans les selles, l’urine et l’air expiré pour le diagnostic de nombreuses maladies dont le cancer fait partie. 

Les auteurs de ce travail hollandais ont inclus dans cette étude une première cohorte d’entrainement : 

-       52 patients atteints de cancer broncho-pulmonaire dont un peu moins de la moitié étaient fumeurs actifs et dont le tabagisme cumulé moyen était très élevé  à 45 PA, et dont très peu avaient un cancer de stade précoce (2 stades I, 2 stades II, 18 stades III et 28 stades IV). Il y avait 44 malades atteints de cancer bronchique non à petites cellules et 7 atteints de cancer bronchique à petites cellules. 

-       Et 93 contrôles dont 32% étaient fumeurs et dont le tabagisme cumulé moyen était élevé à 22 PA.

Les personnes testées devaient simplement respirer dans ce dispositif pendant 5 minutes. 

Les résultats pour cette cohorte et pour une deuxième cohorte de validation sont indiqués dans le tableau ci-dessous :

 

Contrôles (n)

Cancers (n)

Sensibilité

(%)

Spécificité

(%)

VPP

(%)

VPN

(%)

Cohorte d’entrainement

93

52

83

84

74

90

Cohorte de validation

14

8

88

86

78

92

Cette étude est intéressante car si cette technique était validée elle pourrait être très facilement être proposée à des fumeurs.

Néanmoins cette étude préliminaire a deux limites majeures : 1) Elle ne porte que peu sur le diagnostic des cancers de stade I et II, cible essentielle du dépistage, puisque seulement 10% des malades atteints de cancers avaient un cancer de stade I et II tandis que les autres avaient un cancer de stade III ou IV. Pire encore 7 malades avaient un cancer bronchique à petites cellules. 2) Elle n’est pas réalisée en situation de dépistage puisque les malades ne sont pas asymptomatiques. 

Attendons donc de voir quelle sera l’évolution de la recherche clinique dans ce domaine et gardons pour l’instant en mémoire que cette technique seule ou associée au scanner nous semble suffisamment intéressante pour qu’on étende la recherche spécifiquement vers le dépistage. 

 

 

 

Reference

Training and Validating a Portable Electronic Nose for Lung Cancer Screening.

van de Goor R, van Hooren M, Dingemans AM, Kremer B, Kross K.

J Thorac Oncol2018; 13 : 676-681 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer