Lung Cancer

Le dépistage du cancer broncho-pulmonaire en Chine : premiers résultats d'une étude randomisée.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2018

Dépistage

En Chine, le cancer du poumon représente maintenant la première cause de mortalité par cancer et on estime que 15% des cancers broncho-pulmonaires des  hommes et 53% de ceux des femmes ne sont pas attribuables à la consommation de tabac. Alors que l’épidémiologie du cancer du poumon en Europe est proche de celle des États-Unis d'Amérique et que donc les conclusions de l’essai NLST paraissent à de nombreux experts applicables en Europe (cliquer ici) et en particulier en France (cliquer ici) , il est plus difficile de transposer à la Chine les données américaines compte tenu de l’importance des non-fumeur chez les malades chinois. 

L’étude que publie Lung Cancer ce mois-ci est une étude chinoise prospective et randomisée qui s’est adressé de novembre 2013 à novembre 2014 à des personnes de 45 à 70 ans recrutées par des médecins généralistes et qui devaient avoir au moins un facteur de risque suivant :

  • Un tabagisme cumulé moins important que dans la plupart des recommandations. Il devaient être fumeurs ou anciens fumeurs d’au moins 20 PA et, s’ils étaient anciens fumeurs,  devaient avoir cessé de fumer depuis au maximum 15 ans.
  • Un antécédent de cancer dans la famille proche.
  • Un antécédent personnel de cancer.
  • Une exposition professionnelle à des agents carcinogènes.
  • Une exposition prolongée au tabagisme passif (plus de 2 heures/jour pendant au moins 10 ans) ou une exposition prolongée aux vapeurs huiles de cuisson.

Les participants étaient randomisés entre scanner faiblement dosé tous les 2 ans ou non.

L'objectif principal était d’évaluer l’efficacité du scanner pour la détection de cancers et Les objectifs secondaires était d’évaluer l’impact sur la mortalité spécifique par cancer broncho-pulmonaire.

La justification statistique des effectifs n’est pas apportée.

Tout scanner objectivant un nodule non calcifié de taille ≥ 4mm était considéré comme positif.

Résultats

Cet article décrit les résultats du premier scanner (baseline).

Sur 6517 personnes recrutées 6657 ont été randomisées. Un scanner faiblement dosé a été réalisé chez 3512 participants : il y avait 53% de femmes, l’âge moyen était de 59,8 ans et il y avait 21,5% de fumeurs.

Des nodules non calcifiés de taille ≥ 4mm ont été découverts chez 804 (22,9%) participants. Tous ces patients ont été surveillés et 60 (7,5%) ont été opérés dont 51 avaient des lésions malignes Les 9 autres avaient un adénocarcinome in situ (n=4) ou une lésion bénigne (n=5).

Aucune mortalité opératoire ou post-opératoire à 90 jours n’a été notée.

Au total, 51 cancers broncho-pulmonaires ont été diagnostiqués chez les 3512 participants du bras scanner, ce qui représente 1,5%. Par comparaison, il y en avait 10 dans le groupe contrôle. De plus, 48 de ces 51 cancers dépistés étaient au stade I alors qu’il n’y en avait que 2 parmi les 10 cancers du bras contrôle.

Il est enfin intéressant de constater parmi les 3256 sujets qui n’avaient pas les critères du NLST, 1,3% des hommes et 1,4% des femmes avaient un cancer du poumon.

Cette étude, dont la méthodologie parait excellente, montre qu’en Chine le taux de cancers du poumon dépistés lors d’un premier scanner est voisin de celui qui est décrit dans les autres études de dépistage menées aux États-Unis d'Amérique, au Canada ou en Europe. Parmi ces cancers, la proportion de cancers de stade I est particulièrement élevée.  Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que cette démonstration est faite dans une population dont les caractéristiques sont très différentes de celles habituellement étudiées : les participants sont plus jeunes, il s’agit plus souvent des femmes, ils ne sont qu’une fois sur 5 fumeurs et leur tabagisme cumulé est plus bas. Malgré toutes ces différences, ils ont le même pourcentage de cancers broncho-pulmonaires de stades précoces : ceci montre bien une fois encore combien l’épidémiologie du cancer du poumon est différente et démontre que les critères choisis sont bien adaptés à cette population.   

Reference

Community-based lung cancer screening with low-dose CT in China: Results of the baseline screening.

Yang W, Qian F, Teng J, Wang H, Manegold C, Pilz LR, Voigt W, Zhang Y, Ye J, Chen Q, Han B; Written on behalf of the AME Thoracic Surgery Collaborative Group.

Lung Cancer 2018; 117 : 20-26

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer