Journal of Thoracic Oncology

Le dépistage du cancer broncho-pulmonaire est il aux USA prescrit par les généralistes ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2016

Dépistage

Aux Etats Unis le NCCN et l’USPSTF ont recommandé le dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner faiblement dosé chez les fumeurs et anciens fumeurs de 55 à 80 ans qui ont fumé au moins 30 PA et qui, s’ils sont anciens fumeurs ont arrêté de fumer depuis moins de 15 ans. De plus les grandes Sociétés savantes telles que l’American Cancer Society, l’American Thoracic Society, et l’ American College of Chest Physicians ont établi des recommandations qui vont dans le même sens et ce dépistage est maintenant prise en charge dans les mêmes conditions.

Le but de cette étude est de savoir si ces recommandations sont parvenues jusqu’aux médecins généralistes et si le comportement de ceux-ci a été modifié.

Pour répondre à cette question, près de 1400 généralistes ont été contactés et 250 ont accepté de répondre à une enquête qui comprenait 54 questions portant sur les connaissances qu’ils avaient du dépistage et sur leurs pratiques. Les caractéristiques des médecins ayant ou non répondu à cette enquête  étaient réparties de façon identique.

Quelles sont les connaissance des médecins généralistes sur le dépistage du cancer broncho-pulmonaire ?

  • La majorité (65%) des médecins interrogés ont la notion que le dépistage par scanner faiblement dosé est recommandé,
  • La plupart (88%) des médecins interrogés pensent que le scanner thoracique diminue la mortalité par cancer du poumon chez les fumeurs mais 40 % pensent que c’est aussi le cas des non-fumeurs.
  • Un bon nombre de médecins pensent que c'est aussi le cas de la radiographie pulmonaire qui est jugé efficace pour réduire la mortalité par cancer du poumon des fumeurs par 37% des répondants  et des non-fumeurs par 22%.  L’examen cytologique des expectorations est jugé efficace pour réduire la mortalité par cancer du poumon des fumeurs par 21% des répondants  et des non-fumeurs par 10%.

Et quelles sont les pratiques ?

  • Presque tous les généralistes savent qu’il y’a dans leur région la possibilité d’effectuer des scanners faiblement dosés. Pourtant seulement 52 % disent en avoir prescrit pendant les 12 derniers mois et seulement 12% disent avoir adressé au moins un patient à un programme de dépistage organisé.
  • Pourtant le dépistage est envisagé,  puisque 72 % des médecins disent avoir abordé cette question avec les fumeurs et que plus de la moitié  des fumeurs leur ont posé la question du dépistage.
  • Lorsqu’on interroge les généralistes sur les raisons qui les ont poussé à finalement ne pas conseiller un dépistages, les raisons indiquées sont multiples : Ils pensent que les examens sont trop couteux  et ne sont pas prise en charge par les assurances. Certains invoquent aussi des risques liés au dépistage et pensent qu’un dépistage normal peut encourager un fumeur à continuer de fumer.
  • Lorsqu’on les interroge sur le rapport cout/efficacité d’un programme de dépistage du cancer du poumon comparativement à celui d’un programme de dépistage du cancer du sein, les médecins généralistes interrogés pensent en général que le dépistage du cancer du poumon est moins cout/efficace que celui du cancer du sein.

C’est étude démontre bien qu’aux États-Unis, alors que le bénéfice du dépistage scanographique du cancer du poumon est bien démontré et que celui-ci est recommandé, les pratiques ne sont pour l’instant pas beaucoup modifiées. Cette étude, comme beaucoup d’autres, montre bien qu’entre l’établissement de recommandations et la modification des pratiques d’un pourcentage élevé de médecins, il s’écoule souvent un délai de plusieurs années.

 

 

Reference

Perceptions and Utilization of Lung Cancer Screening Among Primary Care Physicians.

Raz DJ, Wu GX, Consunji M, Nelson R, Sun C, Erhunmwunsee L, Ferrell B, Sun V, Kim JY.

J Thorac Oncol 2016; 11 : 1856-1862

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer