European Respiratory Journal

Le dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner est faisable en Australie

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2015

Dépistage, Diagnostic précoce

La démonstration de l'efficacité du dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner faiblement dosé a été apportée par l’étude NLST (/prev-em-onco/2164, /prev-em-onco/3326, /prev-em-onco/3409) qui est et restera encore pendant plusieurs années la seule étude prospective randomisée portant sur un nombre suffisant de sujets pour répondre à cette question. Ces résultats ont conduit à plusieurs recommandations en faveur du dépistage notamment aux Etats-Unis et au Canada.

On peut néanmoins s’interroger sur la faisabilité du dépistage, compte tenu notamment des incertitudes concernant le nombre élevé de faux positifs (et les investigations qui en découlent)  et les rapports coût/efficacité. L’étude australienne Queensland Lung Cancer Screening Study (QLCSS) est la première étude de faisabilité menée dans ce pays entre 2007 et 2010.

Le protocole était très proche de celui de l’essai NLST : l’âge était un peu différent : 60-74 ans au lieu de 55-74 ; Le VEMS devait être ≥50% des valeurs théoriques, les données concernant le tabagisme étaient les mêmes. La taille à partir de laquelle un nodule était considéré comme positif était ≥4mm, comme dans le NLST pour le premier scanner mais ensuite pour les scanners suivants les nodules étaient pris en compte quelque soit leur taille.

Trois scanners étaient effectués comme dans l’étude NLST.  

Sur 960 personnes invitées, 256 (26,7%) ont accepté d’avoir un premier scanner. Les autres, pour le tiers d’entre eux, soit n’ont pas répondu ou ont refusé, soit étaient inéligibles (dont seulement 4 pour la spirométrie).

La compliance a été très élevée puisque 93 et 96% des participants ont eu les deuxième et troisième scanners.

Les taux de positivité pour les 3 rounds étaient de 50, 37 et 42% et en excluant les nodules <4 mm pour les deuxième et troisième scanner de 9 et 11% seulement.

Les taux d’examens invasifs réalisés étaient pour 10 000 scanners de 151 ponctions sous scanner (2 pneumothorax dont un drainé), 124 fibroscopies. Aucune thoracotomie pour lésion bénigne n’a été effectuée.

Respectivement 5 (2%), 3 et 4 cancers ont été diagnostiqués à chacun des 3 rounds, soit un cancer par 60 scanners de dépistage.

Dix de ces 12 cancers étaient de adénocarcinomes et 10/12 étaient de stade I ou II.

Les valeurs diagnostiques du dépistage, lorsque seuls les nodules de plus de 4 mm étaient pris en compte, sont indiquées sur le tableau ci-dessous :

 

T0

T1

T2

Sensibilité (%)

100

100

100

Spécificité (%)

51

92,4

90,4

Valeur prédictive positive (%)

3,9

14,3

15,4

Valeur prédictive négative (%)

100

100

100

 Il est probable que le taux de cancers découverts bien plus élevé dans cette étude que dans NLST (121 vs 65/10 000 personnes/an) s’explique par l’âge et le tabagisme et aussi par le taux plus élevé de personnes qui se disaient exposées à l’amiante (12,1 vs 4,6%).

On retiendra en tout cas que, même s’il s’agit d’une étude qui porte sur un petit nombre de sujets volontaires, cette étude montre que les données du NLST sont parfaitement reproductibles avec une très bonne compliance, un nombre d’investigations invasives faible et encore plus de cancers découverts. 

Reference

Lung cancer screening feasibility in Australia.

Marshall HM1, Bowman RV2, Ayres J3, Crossin J3, Lau M3, Slaughter RE4, Redmond S3, Passmore L3, McCaul E3, Courtney D3, Leong SC2, Windsor M5, Zimmerman PV2, Yang IA2, Fong KM2

Eur Respir J. 2015 Apr 2. [Epub ahead of print]

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