Annals of Oncology

Le pembrolizumab en première ligne est-il plus actif chez les malades dont les cellules tumorales expriment très fortement PD-L1 ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2019

Immunothérapie

Depuis qu’il y a 3 ans l’étude KEYNOTE-024 a démontré l’efficacité du pembrolizumab en première ligne chez les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules exprimant PD-L1  à au moins 50% (cliquer ici), nous avons commenté sur ce site plusieurs articles  qui démontraient que l’immunothérapie et notamment le pembrolizumab était susceptible d’entrainer de très longues survie chez les patients traités de cancers bronchiques non à petites cellules métastatiques, et cela qu’il soit  administré en première ligne ou non (cliquer ici)

Les auteurs de cet article ont fait l’hypothèse que parmi les malades qui reçoivent dans le cadre de l’AMM du pembrolizumab en première ligne, ceux qui ont une très forte expression de PD-L1  ont peut être encore une meilleure survie que l’ensemble des malades dont l’expression est ≥50%. 

Pour vérifier cette hypothèse ils ont réalisé dans 4 grands centres américains une analyse rétrospective des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules avancés, dont la tumeur exprime PD-L1 à au moins 50%, sans mutation EGFR ou translocation ALK-EML4  et qui ont été traités dans le cadre de l’AMM par du pembrolizumab du commerce.   

Au total 187 patients ont été inclus. Ils avaient un âge médian de 68 ans et 93 % d’entre eux étaient fumeurs ou anciens fumeurs. Près des trois quarts avaient un adénocarcinome et près de la moitié une mutation KRAS. Le taux médian d’expression de PD-L1 était de 80%. 

Pour l’ensemble de cette cohorte, le taux de réponse était de 44%.  Avec un suivi médian de 12,6 mois, la survie sans progression médiane était de 6,5 mois et la durée médiane de survie n’était pas atteinte.  

Ensuite les patients ont été partagés en deux groupes selon leur statut PD-L1 : 

-       107 (57,2%) patients qui avaient une expression de PD-L1  de 50 à 89%,

-       Et 80 (42,8%) qui avaient une expression de PD-L1  ≥90%. 

Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties en ce qui concerne l’âge, le sexe, l’histologie, le tabagisme, le PS et le statut KRAS. A noter que 19 et 16% des patients avaient un PS à 2. 

Les taux de réponses, les survies sans progression et les survies des patients dont plus de 90% des cellules tumorales exprimaient  PD-L1  étaient significativement supérieurs comme le montre le tableau ci-dessous :

Expression de PD-L1  

50-89%

≥90%

p

Réponse (%)(95% CI)

32,7 (48,4-70,8)

60 (23,9-42,4)

<0,001

PFS médiane (mois)

4,1

14,5

<0,01

HR de PFS (95% CI)

0,50 (0,33-0,74)

 

Survie médiane (mois)

15,9

NA

 

HR de survie (95% CI)

0,39 (0,21-0,70)

0,002

Après ajustement sur le PS, les différences de survie sans progression et de survie globale restaient significatives. 

Les auteurs ont également partagé les patients en 2 groupes : <75 % ou ≥75%. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient également bien réparties à l’exception du statut KRAS, les patients du groupe PD-L1 ≥75% ayant significativement davantage de mutations KRAS. La survie sans progression (et non la survie) était  alors la seule valeur qui était significativement supérieure dans le groupe ayant la plus forte expression de PD-L1. 

Enfin la charge mutationnelle était accessible chez 91 patients (48%). Il n’y avait pas d’association entre la charge mutationnelle et la PFS ou la survie. 

Bien que la portée de cette étude soit limitée par sa nature rétrospective, ces données nous paraissent suffisamment intéressantes pour être intégrées dans nos discussions en RCP et prises en compte pour l'étaboration de futurs essais cliniques. 

 

 

Reference

Outcomes to first-line pembrolizumab in patients with non-small-cell lung cancer and very highPD-L1 expression.

Aguilar EJ, Ricciuti B, Gainor JF, Kehl KL, Kravets S, Dahlberg S, Nishino M, Sholl LM, Adeni A, Subegdjo S, Khosrowjerdi S, Peterson RM, Digumarthy S, Liu C, Sauter J, Rizvi H, Arbour KC, Carter BW, Heymach JV, Altan M, Hellmann MD, Awad MM.

Ann Oncol 2019; 30 : 1653-1659

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