Cancer

Les personnes incluses dans l’étude NLST ne sont pas les mêmes que l’ensemble des fumeurs et anciens fumeurs américains

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2015

Dépistage

En 2013, l’US Preventive Services Task Force (USPSTF), a recommandé que les adultes de 55 à 80 ans, qui ont fumé au moins 30 PA, et qui, s’ils sont anciens fumeurs, ont cessé de fumer depuis moins de 15 ans, aient un scanner faiblement dosé annuel, selon les modalités du NLST. Plus récemment Medicare a décidé de rembourser ce dépistage pour les sujets de 55 à 77 ans qui ont les critères du NLST. Une question reste néanmoins posée : est-ce que les caractéristiques de la population américaine éligible au dépistage selon les critères de l’USPSTF sont les mêmes que celles des personnes qui ont été incluses dans l’étude NLST ?

A partir d’une enquête menée en 2012 à la quelle ont répondu 1775 personnes, la Health and Retirement Study (HRS), les auteurs ont comparé les caractéristiques des personnes qui ont répondu à cette enquête et avaient les critères de tabagisme de l’ USPSTF, à celles des volontaires inclus dans l’étude NLST. Ils ont distingué deux groupes parmi les répondants à cette enquête :

  • ceux qui avaient les caractéristiques du NLST,
  • ceux qui avaient celles de Medicare.

Ils estiment que la première population pourrait correspondre à 8,4 millions de personnes et la deuxième à 2,5 millions.

Les caractéristiques de ces 2 populations comparées à celles de la population incluse dans le NLST diffèrent sur beaucoup de point :

  • l’âge, qui est significativement plus élevé,
  • le sexe, il y a significativement moins d’hommes,
  • le nombre de noirs et d’hispaniques qui est plus élevé,
  • il y a plus de fumeurs,
  • le niveau scolaire qui est moins élevé,
  • et surtout les comorbidités. Il y a par exemple environ 21 et 24% de personnes qui ont un diabète dans ces deux populations contre 10% dans la population du NLST ou 26 et 33% qui ont une maladie cardiaque contre 13%.

L’espérance de vie est, vraisemblablement pour ces raisons, moins bonne : elle est de 21,2 ans dans l’étude NLST et de 19,6 ans parmi les personnes qui ont répondu à l’enquête et ont le même âge que les personnes incluses dans l’étude NLST.  Parmi les personnes qui ont les critères de l’ USPSTF, et qui ont donc jusqu’à 80 ans, elle est à 18,7 ans et elle est encore plus basse, à 14 ans, chez les sujets qui bénéficient de Medicare.

Ces résultats sont intéressants parce qu’ils montrent bien, comme plusieurs études commentées sur ce site l’ont montré récemment, qu’on ne peut pas s’attendre à ce que les résultats de l’étude NLST soient retrouvés à l’identique dans toutes les populations. C’est dire combien il est nécessaire de se tenir de façon stricte aux critères du NLST.

Néanmoins, cette étude doit être interprétée avec prudence. Les effectifs des personnes interrogées ne sont pas très importants et rien ne nous permet de dire que les personnes qui se portent volontaires pour répondre à un questionnaire seraient les mêmes qui répondraient favorablement à une campagne de dépistage. De plus, il n’a pas été proposé aux personnes interrogées de s’arrêter de fumer. Or on sait combien l’arrêt du tabac joue un rôle dans l’augmentation de l’espérance de vie  et on sait aussi que le dépistage organisé de façon rigoureuse est un moment privilégié pour s’arrêter de fumer .

  

Reference

Comorbidities, smoking status, and life expectancy among individuals eligible for lung cancer screening.

Howard DH, Richards TB, Bach PB, Kegler MC, Berg CJ.

Cancer 2015; 121 : 4341-7

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer