Chest

Les procédures invasives qui suivent un dépistage ont, chez les anciens combattants américains, davantage de complications que dans l’étude NLST

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2022

Chirurgie, Dépistage

L’étude NLST fait état d’un faible taux d’examens invasifs réalisés ainsi que d’un faible taux de complications de ces examens (cliquer ici pour on accès gratuit ). Par exemple, lors du premier round, 7191 positifs ont été décelés chez les 26309 sujets screenés.  Ces positifs ont été le plus souvent surveillés par scanner et ce n’est qu’un faible pourcentage d’entre eux qui ont eu une bronchofibroscopie (4,3%), une  ponction thoracique transpariétale (1,7%) , un acte chirurgical (4,2% dont 2,8% de thoracotomie).  De plus, dans cette étude le taux de complications des examens réalisés est extrêmement faible : des complications qualifiées de majeures [1] n’ont été rapportées au total que chez 1,4% des malades (natamment 2,6% des bronchofibroscopies, 0% des  ponction transpariétale et 13,9% des actes chirurgicaux)  et des complications qualifiées d’intermédiaires respectivement dans 4,3%, 3,4% et 16 ,9% de ces procédures. 

Cependant, l’étude NLST ne peut pas être une référence en cette matière et ce pour 4 raisons : 

-       cette étude a été réalisée dans des centres académiques américains de haut niveau, 

-       cette étude, basée sur le volontariat, a inclus des sujets plus jeunes, d’un niveau social et d’éducation plus élevé et qui sont plus souvent anciens fumeurs que fumeurs comparativement à la population éligible au dépistage,

-       le taux de complications des examens est en général plus faible dans un essai clinique ;

-       et enfin les participants de cette étude, dont les premiers résultats ont été publiés en 2011,  ont été inclus il y a 20 ans, de 2002 à 2004. 

Il était donc intéressant d’analyser le nombre d’examens invasifs réalisés et le taux de complications de ces examens dans une population plus proche de la « vraie vie » actuelle. C’est le but de cette étude menée sur un programme de dépistage conduit chez des ancien combattants américains à partir des données du Veterans Health Administration health care system. Les auteurs de ce travail ont postulé que les anciens combattants explorés dans plus de 140 centres avaient notamment davantage de comorbidités cardiaques et respiratoires que les volontaires inclus dans l’étude NLST. 

Plus de 82 641 anciens combattants ont eu un premier scanner de dépistage entre 2013 et 2019. Comparativement aux participants du NLST, c’est personnes étaient plus âgées (66,9 ans versus 61,4 ans), plus souvent de sexe masculin (95 % versus 59 %), et avaient effectivement plus de comorbidités : il y avait par exemple 17 vs. 13 % d’antécédents cardiaques ou 33 vs.17 % de bronchopathies chroniques, 4,1 vs 2,8% d’antécédents d’accident vasculaire cérébral  et même 2,3 % de démences … 

Pendant cette période, 2026 procédures ont été réalisés chez 1741 participants dans les 10 mois qui suivaient le scanner. Ce taux de procédure était exactement la moitié de celui du NLST et les procédures étaient les mêmes que dans l’étude NLST réalisées en proportion identique. 

Parmi ses 1741 anciens combattants qui ont eu au moins une procédure invasive 151 (8,7 %) ont eu une complication majeure définie avec les mêmes critères que ceux employé dans l’étude NLST. Les principales complications majeures étaient l’insuffisance respiratoire aiguë (3,3%[2]), le pneumothorax nécessitant un drainage (1,8 %), une ventilation mécanique prolongée 1,3 % et un sepsis 0,9 %. De plus, parmi ces 1741 anciens combattants ayant eu au moins une procédure invasive,  200 (11,5 %) ont eu  une prolongation de leur hospitalisation de plus d’une semaine et 18 (1 %) sont décédés dans les 30 jours qui ont suivi la procédure invasive. 

Dans une analyse multivariée, le taux de complications majeures ou intermédiaires était plus élevé chez les malades déments, chez ceux dont la procédure invasive réalisée était la chirurgie et pour tout examen supplémentaire réalisé. La présence d’une pneumopathie interstitielle ne représentait pas un facteur de risque.

Cette étude est certainement la plus importante qui porte sur les complications observées à la suite des procédures invasives réalisées après un dépistage positif. La population explorée ici était très vraisemblablement plus proche de la population générale qui sera étudiée lorsque le dépistage sera mis en place en France dans le cadre de programmes pilotes. On retiendra que les examens étaient moins nombreux que dans l’étude NST mais qu’ils étaient plus fréquemment compliqués. Il faudrait donc bien veiller à ne pas inclure dans ces programmes des sujets dont les comorbidités augmenteraient de façon importante les risques induits par les éventuelles investigations ou par les traitements que ces personnes dépistées seraient amenées à avoir en cas de positivité du scanner. 

 

 


 

 

[1] La définition des complications majeures, intermédiaires et mineures définies dans le NLST peut être consultée à la page 35 des annexes (cliquer ici) 

[2] Taux exprimé par rapport aux 1741 personnes qui ont eu au moins une procédure invasive. 

Reference

Invasive Procedures and Associated Complications After Initial Lung Cancer Screening in a National Cohort of Veterans. 

Núñez ER, Caverly TJ, Zhang S, Glickman ME, Qian SX, Boudreau JH, Miller DR, Wiener RS. 

Chest 2022; 162 : 475-484

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