The Journal of thoracic and cardiovascular surgery

Surveillance par radiographie pulmonaire ou par scanner après chirurgie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2014

Chirurgie, Dépistage, Diagnostic précoce

Cette étude prospective américaine porte sur 554 patients opérés d’un cancer bronchique non à petites cellules de stade I qui ont été suivis, selon le choix de leur médecin, soit par radiographie pulmonaire (n=322) soit pas scanner (n=232).

Des récidives ou des seconds cancers ont été découverts chez 24% des patients, 27% parmi ceux qui ont eu un scanner et 22% chez ceux qui ont eu une radiographie pulmonaire. Cette différence n’était pas significative. En revanche, le taux de malades asymptomatiques différait significativement : 49% dans le groupe scanner vs seulement 19% dans le groupe radiographie pulmonaire. De même le temps moyen pour le diagnostic de récidive était significativement plus court avec le scanner qu’avec la radiographie pulmonaire (1,93 vs 2,56 ans).

Globalement, la survie des deux groupes de patients ne différait pas significativement, qu’il s’agisse de la survie globale ou de la survie spécifique. En analyse multivariée, le fait d’avoir ou non un suivi scanographique n’était pas non plus pronostique. Enfin, en utilisant un score de propension avec création de 174 paires de patients appariés sur l’âge, l’indice de comorbidités, le fait d’avoir une tumeur T2a, une résection sub-lobaire ou une chimiothérapie adjuvante, il n’y avait non plus aucune différence de survie globale ou de survie spécifique.

Parce qu’elle est rétrospective, et que le choix des examens est basé sur le choix du médecin, cette étude est forcément biaisée, même si les analyses qui ont été effectuées ont cherché à réduire les différences. Prenons l’exemple de la chimiothérapie adjuvante dont on peut penser qu’elle a été administrée aux malades qui avaient un plus mauvais pronostic : 59 patients en ont eu, parmi ceux ci 48 (81%) ont été surveillés par scanner et 11 (19%) par radiographie pulmonaire. Prenons aussi l’exemple des résections par wedge dont on peut penser qu’elles étaient un facteur de récidive locale : 73 en ont eu, parmi ceux ci 46 (63%) ont été surveillés par scanner et 27 (37%) par radiographie pulmonaire. On voit bien dans ces deux exemples que les patients dont on pensait qu’ils avaient un risque de récidive et donc de mortalité  plus élevé étaient davantage suivis par scanner que par radiographie pulmonaire.

Il est certain que le scanner, comme l’ont bien montré toutes les études sur le dépistage est plus sensible que la radiographie pulmonaire. Une étude prospective canadienne menée dans cette population l’a aussi démontré  (/deuxieme-ligne-de-traitement-par-erlotinib-dans-letude-ifct-0501).

Mais la surveillance par scanner, parce qu’elle  permet de diagnostiquer et donc de traiter plus tôt une récidive asymptomatique prolonge-t-elle la survie ? Cela, seule une étude randomisée permettra de le dire, comme le soulignait ici il y a un an Virginie Westeel qui commentait une autre analyse rétrospective conduite par l’équipe du CHU de Lille (/cancer-bronchique-petites-cellules-adenocarcinomes-et-mutations-de-legfr).

Attendons donc les résultats de l’étude IFCT0302 dont les inclusions sont achevées depuis 2 ans. En attendant, les résultats de l’étude NLST, même si celle-ci ne s’adresse pas à la même population, permettent d’espérer que l’utilisation du scanner prolonge la survie.

Reference

Does the method of radiologic surveillance affect survival after resection of stage I non-small cell lung cancer?

Crabtree TD, Puri V, Chen SB, Gierada DS, Bell JM, Broderick S, Krupnick AS, Kreisel D, Patterson GA, Meyers BF.

J Thorac Cardiovasc Surg. 2014 Aug 8. [Epub ahead of print]

71 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer