Thorax

L’information sur les symptômes délivrée par les généralistes : une étude prospective australienne

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2019

Diagnostic précoce

La base de ce travail est que raccourcir le délai entre le premier symptôme et le diagnostic de cancer du poumon dans le but d’améliorer le pronostic de celui-ci.  Pour cet objectif, des campagnes de communication de masse sur le tabac et sur le cancer broncho-pulmonaire ont été essayées sans résultats bien démonstratifs, notamment  en Australie. Une autre approche consisterait à faire des interventions plus ciblées destinées à augmenter le taux de consultations pour symptômes respiratoires. C’est cette option qu’ont choisi de tester les auteurs de ce travail. 

Pour ce faire ils ont réalisé une étude randomisée menée dans 11 cabinets de médecine générale chez des fumeurs d’au moins 20 PA et âgés d’au moins 55 ans ou chez des anciens fumeurs ayant les mêmes caractéristiques et ayant stoppé leur tabagisme il y a moins de 15 ans. Ils étaient randomisés sur un mode 1/1 entre :

-      Un bras interventionnel comportant une spirométrie et la remise d’un manuel destiné à faire connaitre les symptômes respiratoires évocateurs de cancer du poumon et expliquant l’intérêt d’une pris en charge précoce. Des messages réguliers étaient également adressés, adaptés aux préférences de ces fumeurs,  par SMS, mails, appels téléphoniques et même par remise de  magnets pour frigidaires toujours dans le but de renforcer leur connaissance des symptômes. 

-      Ou un bras contrôle comportant également une spirométrie et juste une brève information générale donnée par le généraliste sur la « santé respiratoire ».

En deux ans et demi 551 personnes ont accepté d’être randomisées parmi  

2501 fumeurs et 2666 anciens fumeurs. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties à l’exception du tabagisme actif qui était plus fréquent dans le bras contrôle. 

Trois cancers broncho-pulmonaires ont été découvert pendant le suivi à un an, 2 dans le bras interventionnel et 1 dans le bras contrôle. 

Il y avait, dans le bras expérimental, une augmentation relative de 40% des consultations pour symptômes respiratoires alors que le nombre total de consultations ne variait pas. Enfin le délai moyen entre l’apparition des symptômes respiratoires et la consultation auprès du généraliste était réduit de 14 jours mais cette différence n’était pas significative. 

Il a été réalisé 46 radiographies thoracique dans le bras expérimental et 50 dans le bras contrôle. 

Enfin des mesures de qualité de vie ont été réalisées montrant qu’aucun signe de dépression, d’anxiété ou d’altération de la qualité de vie n’étaient observé. 

Cette étude que les auteurs considèrent comme la plus importante étude dans ce domaine conclue que donner des informations sur les symptômes est utile parce que cette information amène les personnes à consulter.  Cette conclusion est certes intéressante pour des maladies telle que la BPCO dans laquelle la prise en charge précoce est probablement utile.  L’intérêt de cette démarche pour le diagnostic de cancer du poumon nous semble en revanche limité. En effet nous savons bien que la plupart des symptômes du cancer broncho-pulmonaire surviennent quand celui-ci est déjà très évolué et il n’est absolument pas démontré qu’avancer de 14 jours la prise en charge d’un malade qui présente cancer entrainant déjà des douleurs thoraciques ou une dyspnée, soit susceptible de transformer son évolution. Ce sont les cancers de stade I ou II dont l’évolution peut être radicalement transformée et ceux-là justement sont dans la plupart des cas asymptomatiques. Ces cancers asymptomatiques de stade précoce sont la cible du dépistage dont l’efficacité a été démontrée. 

 

 

 

Reference

The Chest Australia Trial: a randomised controlled trial of an intervention to increase consultation rates in smokers at risk of lung cancer.

Emery JD, Murray SR, Walter FM, Martin A, Goodall S, Mazza D, Habgood E, Kutzer Y, Barnes DJ, Murchie P.

Thorax2019; 74 : 362-370

65 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer